Le Maire de Cannes, en vue à droite, estime que la France a longtemps été d’une mollesse incroyable avec les islamistes. Il indique comment couper le robinet de l’immigration massive. Entretien.
Qu’avez-vous pensé du débat entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen sur le séparatisme ?
Je me disais devant ma télé, quelle étroite et sinistre vision du pays. À un moment Marine Le Pen cite le livre de Gérald Darmanin sur le séparatisme, qui est intéressant, et elle le compare avec ce qu’il propose dans la loi. Et il est vrai qu’il y a gap énorme entre le constat, terrible et juste, contenu dans le livre, et l’action, timorée, contenue dans le texte législatif. L’emphase dans le discours de ce pouvoir est très destructrice de confiance car on constate de façon symétrique l’impuissance de l’État dans les faits. Comme disait Raymond Aron, « je déteste autant le conformisme et le révolutionnarisme ». Rien n’a changé depuis. Nous avons un conformisme techno habillé de discours enflammés qui ne sont pas suivis par des actes politiques forts. Et en face un révolutionnarisme démagogique des extrêmes, fait d’incantatoire et de racolage. Entre les deux, il y a la France !
Une immense majorité de citoyens, de droite, du centre, de gauche, sont atterrés de l’incapacité du pouvoir à agir, à exécuter. Marine Le Pen n’a pas été bonne pendant ce débat, elle ne connaissait pas les chiffres de l’immigration, qui est pourtant son thème quasi exclusif. Mais elle disait une chose juste et terrible, sur l’incapacité à agir des gouvernements depuis quarante ans : nous ne sommes même pas capables d’expulser les personnes en situation illégale sur notre territoire, quand les autres démocraties y parviennent.
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La France doit enfin comme toute démocratie souveraine maîtriser ses flux migratoires, aujourd’hui couper le robinet de l’immigration massive, et pour cela, puisqu’il le faut juridiquement, adapter la Constitution et remettre en cause la jurisprudence sclérosante de la Cour européenne des droits de l’homme. Nous avons des lois, et nous sommes impuissants pour les faire respecter. Cela ne peut plus durer. La Justice dépend de l’application effective des règles résultant de la volonté populaire et encadrées par l’Etat de droit. Or, l’Etat est souvent fort avec les faibles et les classes moyennes, et faible avec les forts et ceux qui ne respectent rien. Il suffit d’être automobiliste, ou un peu solvable, pour s’en rendre compte. C’est la raison de la légitime colère des premiers Gilets jaunes, avant que ce mouvement soit faisandé par les extrémistes et les casseurs. Nous avons un État mou, défaillant pour sanctionner l’abus de quelques-uns, et qui alors a la tentation d’interdire l’usage pour tous. Le manque d’autorité régalienne génère un problème non seulement d’ordre mais aussi de liberté.
Quel regard portez-vous sur la progression de l’islamisme, niée par toute une partie de la gauche ?
Un de mes meilleurs amis est algérien. Au moment des attentats de Charlie, on s’est dit immédiatement qu’on partait pour une décennie noire comme en Algérie. Ces amis algériens, musulmans pratiquants par ailleurs, m’ont toujours dit que la France était d’une mollesse incroyable avec les islamistes. Vous ne pouvez pas leur dire, à eux qui ont perdu des proches massacrés par les islamistes, qu’il n’y a qu’une différence de degré entre un musulman et un islamiste. C’est faux. Il y a une différence de nature. L’islamiste est musulman mais le musulman n’est pas forcément islamiste.
Dans le monde, beaucoup de musulmans sont victimes des islamistes. Ils les haïssent pour de bonnes raisons. Ce qui est inquiétant, c’est la progression du nombre d’islamistes, qui font pression sur les autres, les réduisent au silence ou les manipulent. La masse dévore l’individu. Les salafistes, les frèristes des quartiers l’ont bien compris. C’est pour cette raison quantitative qu’il faut enfin une politique ferme dans les faits.
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Le renoncement d’une partie des élites — politiques, universitaires, médiatiques— à voir dans l’islam politique un danger pour la République évoque tout autant une forme de déni du réel que d’acceptation de l’inéluctable. N’est-il pas trop tard pour combattre la progression de l’islamisme?
Nous pouvons agir d’une part en maitrisant l’immigration, d’autre part en sanctionnant, et en assimilant. Ainsi, au-delà du nécessaire combat militaire, policier et judiciaire, la guerre contre l’islamisme est un combat idéologique et culturel. Pour les jeunes cela passe beaucoup par la culture, d’où l’importance de l’éducation artistique et culturelle (évoquée en détail ici NDLR). J’y crois beaucoup. Ceux qui flinguent les fans de rock au Bataclan sont les mêmes que l’imam de Brest qui dit tranquillement à des enfants « écouter de la musique va vous transformer en porcs ». Ces gens détestent la culture précisément parce qu’elle éloigne leur clientèle de leurs délires obscurantistes. Quand on pense que la France n’a même pas été capable d’expulser ce prêcheur de haine !
La grande erreur de la bien-pensance d’une partie de la gauche, du «camp du bien » autoproclamé, en politique comme dans les médias, est d’être les idiots utiles de cette idéologie mortifère. Ils font semblant de confondre lutte contre l’islamisme et islamophobie. Cette manie d’essentialiser les gens, de renvoyer chacun à sa couleur de peau, à son origine, de dire à chacun « tu es une victime », est une forme de mépris extraordinaire des individus et d’alimentation de violentes forces centrifuges.
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