L’impayable David Bobée a repris les rênes du théâtre du Nord en 2021. Causeur vous dévoile la programmation à venir…
Les Lillois qui apprécient l’art théâtral susceptible de bousculer les codes sont de petits veinards.
Après avoir déconstruit le Dom Juan de Molière, jugé trop viril et violent, en « dégenrant » ou « racisant » certains personnages pour dénoncer les rapports de domination, le sexisme et la glottophobie (discrimination via les langues ou les accents), David Bobée, le directeur du Théâtre du Nord, a prévu deux attractions qui devraient combler les spectateurs progressistes les plus exigeants. Ces derniers pourront voir, fin février, un spectacle intitulé « Prolo not dède », la rencontre entre deux « transfuges de classe », deux « porte-voix des invisibles », deux artistes prolétaires dénonçant le « racisme de classe » et prêts à bouffer du bourgeois pour « venger leur race », j’ai nommé… Corinne Masiero (alias Capitaine Marleau) et… Édouard Louis, l’écrivain « qui couche sa vie dans ses romans pour qu’elle devienne matière à réflexion sociologique », sans doute un futur nobélisable. Il sera question de la violence sociale, des violences faites aux femmes et même des « silences complices », lesquels seront toutefois brisés par une musique du genre tonitruant grâce aux Vaginites, un « trio féministe électro-punk [1] ». Bobée avertit les bourgeois du Nord : « Si t’es allergique au parlé prolo, faut pas venir ! » Ceux qui auront su vaincre leurs préjugés et apprécier ce premier spectacle pourront, en mars, reprendre une ration de théâtre nombriliste. Le metteur en scène Milo Rau et… Édouard Louis présenteront « The Interrogation » et, donc, s’interrogeront : « Est-ce que l’art peut être plus qu’une simple analyse et une reconstitution de la vie ? Ou l’art n’est-il que le témoignage de notre incapacité à nous libérer de notre condition ? » et tout ça. Il est promis des « émotions fortes » pouvant déclencher « l’empathie et la solidarité ».
Assurons les véritables amateurs de théâtre de Lille de toute notre compassion.
[1] Toutes les citations proviennent du site web du Théâtre du Nord.