Le sénateur David Assouline passe le directeur à l’information de CNews à la question…
« Il vous est reproché d’avoir fabriqué un candidat à la présidentielle. […] Pouvez-vous m’assurer qu’il n’y a aucune consigne dans des conférences de rédaction visant à favoriser telle ou telle idéologie, tel ou tel angle favorisant telle idéologie ? » a demandé avec force le sénateur PS David Assouline au directeur de l’information de CNews lors de son audition dans le cadre de la commission d’enquête sur la concentration des médias le 10 décembre.
Plans cachés
Avant même l’officialisation de la candidature de ce candidat « fabriqué », il ne semble pas que M. Assouline, obsédé par les « idées politiques » et « la violence » sur CNews, se soit beaucoup penché sur les émissions de la radio et de la télévision publiques. C’est dommage.
Parmi cent autres exemples, il aurait pu entendre sur France 2 l’olibrius médiatique Laurent Ruquier qualifier Zemmour de « virus qui progresse » et proposer à Jean-Luc Mélenchon un plan pour enrayer « l’épidémie Zemmour ». Il aurait pu voir, lors de l’émission “C à vous” sur France 5 [1], trois journalistes de pointe exprimant de concert leur inquiétude devant la « zemmourisation des esprits ». Le sentencieux Patrick Cohen, tout de rage contenue, déclarait alors : « Jean-Marie Le Pen n’est jamais allé aussi loin qu’Éric Zemmour dans un projet qui sort du cadre républicain ». « Éric Zemmour, c’est Jean-Marie Le Pen en pire », lâchait ensuite un tartarinesque Jean-Michel Aphatie qui avait auparavant affirmé ne pas vouloir débattre avec « un cochon de la pensée » [2]. Saint Thomas Legrand rassurait tout le monde en relativisant les audiences de CNews et le nombre de lecteurs de Valeurs actuelles comparés à France Inter et à l’Obs. Et les contradicteurs sur le plateau, que disaient-ils ? Les contradicteurs ? Quels contradicteurs ? Sur la 5, comme sur la 2, comme sur France Inter, on est le plus souvent entre gens de bonne compagnie… de gauche.
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M. Assouline reproche à la chaîne privée CNews sa ligne éditoriale – chose qui n’a jamais été reprochée aux médias publics, malgré l’indiscutable orientation gauchisante de ces derniers. CNews, bien qu’étant évidemment une chaîne privée qui porte à droite, reçoit régulièrement sur ses plateaux des intervenants réputés de gauche – Julien Dray, Olivier Dartigolles, Laurent Joffrin, pour ne citer que les plus fameux, lesquels reconnaissent bénéficier d’une totale liberté de parole. Quant aux chroniqueurs attitrés de la chaîne, je ne sache pas que l’un d’eux ait jamais parlé du virus Mélenchon ou de la peste Roussel ou de l’épidémie Hidalgo – reconnaissons dans ce dernier cas que l’image serait franchement osée, au mieux pourrait-on évoquer une légère montée de fièvre n’ébranlant que la candidate elle-même. Si tel avait été le cas, nul doute que le CSA, le Sénat, le Syndicat des journalistes et une bonne partie de la presse française auraient trouvé le moyen de nous le faire savoir.
France Inter s’ouvre aux crypto-fascistes
Quant à la radio publique… je tremble en imaginant l’audition de Catherine Nayl, directrice de l’information de France Inter, devant la commission parlementaire. Pourra-t-elle rassurer le sénateur Assouline sur le pluralisme de la matinale de la « première radio de France » ? Saura-t-elle expliquer pour quelles raisons pluralistes tous les éditorialistes et journalistes de ladite matinale sont ouvertement de gauche, hormis le journaliste économico-libéral Dominique Seux qui sert pendant trois minutes de caution pluraliste (compensée le vendredi par un duel d’un quart d’heure avec… Thomas Piketty) ? Ne s’embourbera-t-elle pas en expliquant la nouvelle trouvaille pluraliste de Laurence Bloch, à savoir la création d’une chronique de 2 minutes 30 intitulée “En toute subjectivité” (ce qui laisse subliminalement accroire que le reste de la matinale se déroule “en toute objectivité”) permettant à cinq chroniqueurs (un par jour) de « nourrir le débat autour des enjeux de la présidentielle » ? Saura-t-elle dire pourquoi la Société des journalistes de France Inter s’inquiéta « quant à la ligne éditoriale de la station » lorsqu’elle apprit que trois de ces chroniqueurs allaient être Natacha Polony (Marianne), Alexandre Devecchio (Le Figaro) et Étienne Gernelle (Le Point) – autant dire la lie crypto-fasciste du journalisme français – tandis que les deux autres chroniqueuses, Cécile Duflot (directrice d’Oxfam France) et Anne-Cécile Mailfert (ex-présidente d’Osez le féminisme !), ne semblaient pas l’émouvoir plus que cela ? Saura-t-elle expliciter les invariables orientations de la revue de presse de Claude Askolovitch ? L’angle d’attaque subtilement uniforme des éditos de Thomas Legrand ? La présence de celui qui se vanta d’avoir participé à une opération de surveillance du web menée et financée par la fondation de Georges Soros, à savoir Pierre Haski, journaliste à L’Obs et Libération, successeur de l’inénarrable Bernard Guetta, lequel a été récompensé de ses efforts de propagande européiste sur la radio publique par LREM qui lui a permis de devenir député européen ? Bref, pourra-t-elle assurer au sénateur David Assouline « qu’il n’y a aucune consigne dans les conférences de rédaction » de France Inter « visant à favoriser telle ou telle idéologie, ou tel ou tel angle favorisant telle idéologie » ?
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Ah ! on me dit dans l’oreillette qu’il n’est pas prévu, dans le cadre de cette commission sur la concentration des médias, d’auditionner la directrice de l’information de France Inter ou les dirigeants de la télévision publique. Ouf ! Connaissant l’impartialité légendaire du sénateur PS David Assouline, on pouvait craindre le carnage, la boucherie, la Saint Barthélemy médiatique. Ce sera pour une autre fois ; sans doute lorsque les parlementaires décideront de créer une Commission d’enquête sur la concentration des opinions de gauche dans les médias publics. Ce jour-là, ça va saigner !
[1] Émission du 10 septembre 2021.
[2] En décembre 2019, sur Canal +.