L’édito’ d’Elisabeth Lévy
Pardonnez-moi l’expression, mais nos ancêtres étaient vraiment des cons. À quoi pouvaient bien servir toutes ces controverses sur la justice, la morale et la grâce, tout ce fatras sur l’équilibre des pouvoirs et des contre-pouvoirs, tous ces chichis élaborés en quelques siècles pour garantir l’indépendance des juges et les droits de la défense, sinon à produire d’ennuyeux livres attrapant la poussière et risquant, de surcroît, de détourner d’innocents enfants de leurs saines activités numériques ? Cet invraisemblable empilement de lois et de procédures a-t-il du sens quand n’importe quel citoyen peut se faire en quelques clics une idée de la culpabilité ou de l’innocence ?
L’opinion fait la loi
Nous assistons au déploiement d’un ordre nouveau, post-démocratique, où l’opinion fait la loi et où le pilori médiatique remplace la salle d’audience. Redoutons que l’affaire Darmanin préfigure notre avenir, un monde où la terreur exercée par les justicières féministes nous conduira à renoncer à toute justice.
On est obligé, s’agissant des faits, de puiser dans l’enquête du Monde du 27 janvier, nécessairement à charge dès lors qu’elle repose surtout sur le témoignage direct et les procès-verbaux d’interrogatoire de la plaignante – qui ose encore parler de secret de l’enquête ? –, ainsi
