Accueil Édition Abonné « Dans les années 1970, des Afghanes participaient à des concours de beauté en bikini »

« Dans les années 1970, des Afghanes participaient à des concours de beauté en bikini »


« Dans les années 1970, des Afghanes participaient à des concours de beauté en bikini »
Femme afghane manifestant contre le Taliban, Athènes, 18/8/2021 Aggelos Barai/AP/SIPA AP22597283_000003

Entretien avec Firouzeh Nahavandy, spécialiste de l’Asie du Sud-Ouest et auteur de Afghanistan (Éditions Doboeck, 2019).

Causeur. Dans votre essai Afghanistan, vous pointiez déjà le risque de talibanisation du pays. Aujourd’hui nous y sommes. Pourquoi cela n’a-t-il pas été évité ?

D’abord, parce que Donald Trump a négocié avec les Talibans à Doha sur la concrétisation du retrait des Américains d’Afghanistan, ceci sans la présence du gouvernement officiel. Cela a propulsé les Talibans à une place qu’en tant qu’insurgés, ils n’auraient jamais dû avoir et a facilité leur propagande. Le fait que les Talibans ont notamment exigé qu’on libère 5000 prisonniers qui ont rejoint leurs rangs a posé le cadre de leur retour au pouvoir. De plus, les Talibans n’ont jamais cessé de vouloir reconquérir le pouvoir depuis 2001. Avec la légitimité que leur ont donné les Américains, il était prévisible qu’ils y reviennent. L’armée afghane avait beaucoup de problèmes, par exemple en termes de désertion des recrues ou de paiement des salaires. Des rapports attestent clairement qu’elle ne fonctionnait pas correctement. Je m’étonne donc que les Américains aient dit que l’armée était prête à reprendre le contrôle du pays. En outre, ni Ashraf Ghani, ni Hamid Karzai, son prédécesseur, n’ont vraiment réussi à contrôler l’ensemble du pays. Encore ces derniers mois, l’ordre et le contrôle n’existaient qu’à Kaboul. Cela a aussi facilité l’avancée des Talibans.

Vu d’ici, on a l’impression que la population n’a même pas cherché à résister.

En tous cas, une partie de la population n’a pas réellement résisté. Mais il faut bien voir que la répression des Talibans était très forte, qu’ils avaient la supériorité des armes face aux Afghans des campagnes qui étaient démunis. D’ailleurs, ni la police, ni les forces de sécurité officielles n’étaient vraiment efficaces. Dans les régions pachtounes, la population n’a pas résisté parce qu’elle n’avait pas bénéficié des retombées de la manne financière étrangère. Si cette partie de la population afghane n’en constitue pas la majorité, elle est quand même importante. Précisons aussi qu’elle n’a pas reçu d’instruction scolaire et n’a pas de revenus. Pour elle, il faut bien voir que le retour des Talibans est une manière de retrouver un ordre que les Afghans les plus traditionnels pensaient juste. Mais surtout, les Afghans en avaient marre de cette guerre qui dure depuis tellement longtemps,


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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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