Alors que les règlements de compte sanglants se multiplient sur le territoire, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sonne la mobilisation générale contre la mexicanisation de la France. La guerre contre la drogue aura-t-elle enfin lieu ?
Il faut faire attention à l’usure des mots. On déclare des guerres tous les quatre matins – contre le séparatisme islamiste, contre la drogue, contre les violences faites aux femmes, par exemple. La seule guerre qu’on ait vraiment gagné dernièrement, c’est quand l’ennemi s’est éteint tout seul (je parle du Covid)…
Le bad trip français
Cependant, saluons déjà une chose : la prise de conscience semble réelle, même si comme pour l’islamisme il est sans doute trop tard. M. Retailleau parle de narco-racailles, chacun se rue sur le rapport du Sénat qui évoquait le risque de narco-étatisation. Dans Le Figaro, David Lisnard pointe le lien entre l’ultra-violence et une immigration hors de contrôle, et dénonce nos lâchetés et tous nos renoncements.
Il faut dire que le problème ne touche plus seulement Marseille ou la banlieue parisienne. Poitiers, Rennes, Valence, Grenoble ou Nîmes sont des villes sans cesse à la une des journaux pour les règlements de comptes, les fusillades ou les véritables batailles rangées (comme à Poitiers) qui s’y produisent. Il devient impossible d’y échapper. Les villes de gauche, avec leurs maires angéliques comme Eric Piolle (Grenoble) et leurs polices désarmées sont très touchées : dire que c’est la faute à CNews devient donc un peu court comme explication…
Peut-on gagner cette guerre ?
Le pire, c’est la politique du verbe. La Cour des comptes nous a ainsi révélé le scandale de « Marseille en grand ». En 2021, roulement de tambours et baguette magique : l’exécutif nous annonçait 5 milliards d’investissements. Résultat : 1,3% dépensés seulement à ce jour. L’ancienne minsitre Sabrina Agresti-Roubache, responsable du projet, se défend en disant que c’est l’État de droit, qu’il y a des appels d’offre, des procédures etc. Pour les Jeux Olympiques, on a pourtant bien réussi à les accélérer, ces procédures… Nicolas Baverez dénonce de son côté un amateurisme politique. Il n’y a eu aucune étude préalable, pas de liste d’objectifs mais juste une parole thaumaturgique du président de la République. Résultat : nada.
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Certains pensent que la solution-miracle consiste à frapper le consommateur (pas de demande/pas d’offre). Oui, mais on ne peut pas enfermer tous les fumeurs de joint. La prohibition comme seule politique ne marche jamais. Cela dit, la légalisation n’est pas non plus une panacée. En réalité, il faut hiérarchiser les combats, et arrêter de dire qu’on peut gagner cette guerre en une semaine.
La France en shoot libre
Faut-il recourir à l’armée ? Techniquement, elle peut sans doute aider à la sécurisation de certains endroits. Mais son rôle est-il d’exercer la violence contre un ennemi intérieur ?
Peut-on gagner? Au sens de la reddition et de l’armistice, évidemment non. Il s’agit d’une guerre sans fin contre un ennemi à mille têtes. Mais on peut remporter des victoires.
Aujourd’hui, face à des trafiquants surarmés et ultra-violents, l’Etat, avec ses règles ultra-contraignantes, sa disette budgétaire et son entêtement à comprendre les pauvres petits délinquants, ne fait pas le poids. Il faut des compétences pointues, des juges spécialisés, protégés éventuellement, et une volonté de fer. Donc, un Etat de droit moins chichiteux sur les droits des voyous et implacable pour défendre celui des honnêtes citoyens de rentrer chez eux sans prendre une balle perdue.
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