(Avec AFP) – Non contents de contrôler des champs de gaz et de pétrole, les djihadistes de l’Etat islamique ont mis la main sur la production syrienne de coton. Outre le pétrole et le blé des plaines céréalières, Deach a en effet pris le contrôle des « trois quarts de la production de coton », dont la Syrie était un exportateur relativement important avant la guerre, a indiqué à l’AFP Jean-Charles Brisard, spécialiste du financement du terrorisme.
Etant donné la proximité entre les zones administrées par l’EI et la Turquie, beaucoup craignent que des grossistes turcs utilisent du coton vendu à bas prix par Daech, avide de toute source de financement, et coutumier de la contrebande d’hydrocarbures et de pièces archéologiques. Or, selon des cotonniers syriens, l’EI envoyait jusqu’à très récemment en Turquie le coton non égrené (brut), cultivé dans la région de Raqqa et Deir ez-Zor (soit un tiers de la production syrienne). L’EI revend donc désormais le coton à des intermédiaires qui les transportent vers des centre d’égrenage, où est traité le coton brut, dans des régions tenues par le régime de Bachar Al-Assad, car l’égrenage, tout comme l’exportation, est monopole d’Etat en Syrie. Un petit business lucratif qui fait les choux gras des complotistes tenants d’une collusion entre Damas et Daech.
Bon, il semblerait que les grands groupes textiles européens soient particulièrement précautionneux quant à l’origine du coton qu’ils emploient. Pas de panique, donc : d’ici à ce que vos emplettes financent les étêteurs de Raqqa, de l’eau polluée sera passée sous les ponts de l’Euphrate.
En revanche, tandis que les forces spéciales américaines et l’aviation russe s’attaquent directement aux positions de l’E.I en Syrie, la Turquie n’a pilonné que quelques positions désertées par les djihadistes. Chez les spécialistes de la politique turque, il se dit qu’obsédé par le PKK et jouant son va-tout lors des prochaines élections, Erdogan file un mauvais coton…
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