Si encore je n’entendais ces amalgames faciles et imbéciles, et cette tendance à mettre dans le même sac les manifestants pour tous, les homophobes refoulés et les décomplexés avec ceux qui tuent des homosexuels, que certains matins chez Guillaume Erner quand on y dénonce l’homophobie, (mais peut être y a-t-il trop de gays sur France culture ?) ma coupe ne serait peut être pas venue déborder ici.
Boutin n’est pas Al-Baghdadi
Mais l’article de mon ami communiste et néanmoins juppéiste Jérôme (mais Juppé n’est-il pas le petit pépère des peuples ?) m’a fait sortir de ma paresse et de mes gonds, avec les mêmes fadaises quand il propose de renvoyer dos à dos ou plutôt face à face l’homophobie du fondamentaliste chrétien et celle de l’intégriste musulman. Pour Jérôme Leroy comme pour Caroline Fourest, Al Baghdadi, Ted Cruz ou Christine Boutin, c’est kif-kif bourricot.
Même les gays les plus islamophiles distinguent pourtant des différences entre les culs bénits qui se signent sur leur passage et ceux qui les saignent quand ils s’emportent, entre ceux qui leur promettent l’enfer après leur mort naturelle et ceux qui les défenestrent pour aller au paradis hétéro d’Allah. Même les lesbiennes les plus orientalistes préfèrent vivre en terres chrétiennes, où les fanatiques religieux homophobes sont groupusculaires et ne font pas les lois et où l’homophobie est un délit poursuivi, plutôt qu’en terres d’Islam où la charia les fait, où les peuples les font appliquer avec zèle et où c’est l’homosexualité qui est réprimée pénalement. Même les bi et les trans savent bien qu’il vaut mieux perdre son chemin au Vatican que dans certains quartiers de Marseille, que l’imam gay Ludovic Mohamed Zayed a fui pour aller vivre en Afrique du sud avec son amant citoyen de l’autre nation arc en ciel.
32% des homos votent FN
Toutes ces petites différences finissent par en faire une de taille : la violence et le crime. Comparé au Coran, l’évangile du pasteur le plus cinglé n’est qu’un massage un peu hardcore, comparé au salafisme, le catéchisme de Ted Cruz n’est qu’une fessée. Et plus prés de nous, Faut-il rappeler l’évidence ? On n’a jamais vu la Gay pride s’aventurer au delà du périphérique. Faut-il enfoncer le clou ? Ce n’est pas est seulement par amour du drapeau que 32% des personnes se déclarant homosexuelles votent pour le front national. Je gage que tous les LGBT, même les plus à gauche, même les plus bouchés, voient bien qu’il y a dans le choc des civilisations, une homophobie avec une grande hache et une homophobie avec une petite bite.
Alors il faut vraiment une sacré dose de mauvaise foi pour présenter les deux fondamentalismes dans un jeu de miroirs, pour les renvoyer dos à dos (ou face à face, donc) comme au jeu du déni et du fantasme, et pour ça Jérôme Leroy ne craint personne parce qu’il bat tout le monde. Et le procédé est aussi répandu qu’agaçant. Pour bidonner une balance et nous la rendre équilibrée en trompe l’œil, on minimise les nuisances de l’un et on fantasme la puissance de l’autre. On grossit un fait divers, on nous rappelle d’antiques attentats d’intégristes chrétiens comme s’ils encombraient l’actualité, et on feint d’oublier que, ce qui relève de l’accident et de l’exception réprouvée et réprimée en Occident est la règle et la coutume en Orient. Pour conclure son article et pour toute eau à son moulin, Leroy conseille un roman américain de politique-fiction, et oppose une théocratie américaine pour de faux aux théocraties islamiques qui sévissent pour de vrai, qui lapident pour de vrai, qui torturent et assassinent pour de vrai. Mais la réalité, ce n’est pas la fiction. On se souvient alors que notre ami Jérôme est un romancier talentueux et on comprend mieux ses absences, alors on l’excuse. Jusqu’à la prochaine fois.
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