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Cycliste écrasé à Paris: et si c’était Anne Hidalgo, la vraie responsable?

Une tribune libre de Jean-Baptiste Giraud


Cycliste écrasé à Paris: et si c’était Anne Hidalgo, la vraie responsable?
Image d'illustration

Un 4×4 Mercedes ML d’un côté, un cycliste militant de l’autre, le deuxième finissant écrasé sous les roues du premier, après une altercation. En plein 8e arrondissement, boulevard Malesherbes, à deux pas de la Madeleine. Le chauffeur du 4×4 aurait roulé pendant plusieurs centaines de mètres sur la piste cyclable, provoquant la colère de Paul Varry, le cycliste, qui s’est rebellé d’un coup de poing sur le capot du chauffard. Désormais meurtrier présumé. On dit que les pompiers, qui n’ont pas pu réanimer le pauvre malheureux, ont été choqués par l’état de la victime, ses blessures. Le tronc coincé entre le vélo, la chaussée, et les pneus du gros 4×4, ses chances d’en réchapper étaient limitées. Et le chauffard, Ariel M. aux nombreux antécédents judiciaires, le savait certainement. Il plaide pourtant l’accident. Les juges comme le procureur n’ont pas retenu sa version des faits, et ordonné son incarcération en préventive pour meurtre. Voilà pour les faits. Manque cependant dans l’intégralité des articles et reportages qui ont relaté ce drame, pardon, ce fait divers, des éléments de contexte qui me semblent pourtant essentiels à sa bonne compréhension. Il se trouve que j’étais mardi 15 octobre, une fois de plus, une fois de trop, piégé dans les embarras de Paris. Après un rendez-vous boulevard des Capucines, je devais me rendre à l’Assemblée nationale. J’étais donc à moins de 200 mètres de l’endroit où s’est joué le drame. Banlieusard, je confesse ma très grande faute de privilégier encore le plus souvent la voiture pour sillonner Paris, et rentrer ensuite chez moi sans subir les aléas quotidiens des transports en commun, quand on n’y croise pas un forcené avec un couteau à la main. Qui sort plus vite de garde-à-vue et du commissariat que ses victimes, choquées à vie. Ce jour-là, le centre de Paris n’était plus qu’un immense embouteillage. Automobiliste depuis 35 ans, Parisien de toujours, je pense disposer des référentiels pour dire que nous avions crevé tous les plafonds. J’ai mis 1h45 pour aller du boulevard des Capucines jusqu’à l’Assemblée, en faisant un énorme détour, allant jusqu’à passer par… la place Beauvau et les Champs-Elysées pour enfin parvenir à traverser la Seine et aller à l’Assemblée. Sur l’écran de mon GPS, c’est bien simple, tout était rouge vif, avec en prime, de jolis panneaux « sens interdit », alertant des interdictions de circuler provisoires et de plus en plus permanentes. En arrivant à l’Assemblée, tentant de justifier mon retard, j’ai partagé avec le parlementaire qui me recevait et avait réorganisé son emploi du temps pour moi ce que j’avais vu. Jamais, de ma vie, je n’avais constaté de mes propres yeux autant d’infractions au Code de la Route ! C’est bien simple : ce mardi 15 octobre, je n’ai pas croisé un seul policier, sauf aux abords immédiats de Beauvau (ministère de l’Intérieur) et de l’Élysée. En revanche, j’ai vu des cyclistes (oui, je commence par eux), des trottinettistes, des piétons par centaines, faire strictement absolument tout et n’importe quoi sur la chaussée, à tous les carrefours, sans se préoccuper aucunement ni des marquages au sol, ni des feux de circulation, non plus bien entendu des sens de circulation, le tout au milieu de milliers de voitures, utilitaires, bus, pris au piège dans un embouteillage sans queue ni tête ! Entendons-nous bien : je ne pointe pas du doigt ici une quelconque responsabilité des piétons, cyclistes et autres chauffeurs de trottinettes. Je constate simplement que ce jour-là, dans le triangle formé par la Madeleine, l’Opéra, et Saint Augustin, point à partir duquel j’ai pu m’échapper et rouler relativement correctement, tout était parfaitement bloqué, figé, sans que rien n’y personne, du côté des autorités, ne tente d’y remédier ! Nous étions tous pris au piège, un piège sciemment tendu par Anne Hidalgo et ses nervis écologistes, déterminés à chasser pour de bon les voitures de Paris. Comment ? En fermant en catimini des voies de circulation, provoquant ces immenses bouchons censés dégouter les automobilistes, fussent-ils plombiers ou livreurs de sang, mais aussi les usagers des bus de la RATP, de circuler dans Paris. La veille, je découvrais ainsi que la place du Trocadéro était en partie interdite à la circulation, le rond-point étant transformé en U à double-sens. Bouchons à la clef. Ce dramatique mardi 15 octobre, moi, comme des milliers d’autres automobilistes, découvrions qu’il était impossible désormais de faire le tour de la place de la Madeleine en provenance de l’Opéra, par le boulevard des Capucines, obligés de se faufiler dans la rue de Sèze, à voie et à sens unique, pour tenter de rallier… le boulevard Malesherbes. Ou Paul Varry est mort écrasé par un 4×4 mardi 15 octobre. Le piège n’est signalé que par un petit panneau incompréhensible au bout du boulevard des Capucines, obligeant des dizaines d’automobilistes à faire demi-tour, non sans franchir allégrement une ligne blanche, pour repartir dans l’autre direction, et se faufiler dans la rue de Sèze totalement bloquée, provoquant un bouchon de plusieurs centaines de mètres dans le boulevard des Capucines, ou tenter de contourner en passant derrière l’Opéra. Mon choix. Une heure ½ pour en sortir, et parcourir 800 mètres. Pour sa défense, Ariel M. a expliqué qu’il emmenait sa fille de 17 ans chez l’ophtalmologiste. Que le rendez-vous était pris depuis des mois. Banlieusard, il voulait la déposer devant le cabinet médical. Quand on sait qu’il faut parfois deux ans d’attente pour voir un ophtalmo dans certains coins du pays… Il aurait mieux fait de prendre le RER. Mais peut-être que sa ligne était en travaux, ou en panne. Le lot quotidien des Franciliens. Ce jour-là, Ariel M. a tué un cycliste. « Involontairement » plaide son avocat. C’est un « récidiviste dangereux » dixit le procureur, qui a obtenu gain de cause et son placement en détention provisoire. Mais à la barre, ni Anne Hidalgo, ni David Belliard, son adjoint à la circulation, n’étaient cités à comparaître. Pourtant, en organisant la prise en otage des automobilistes dans Paris pour les en chasser, ils sont co-responsables des dizaines de milliers d’infractions au Code de la Route que les caméras de surveillance et les opérateurs qui les pilotent ont pu constater ce jour-là. Ce jour où Paul Vary est mort écrasé par un 4×4, que David Belliard veut désormais interdire, en réaction. Et si on interdisait plutôt les oukazes comme l’abaissement de la vitesse de circulation sur le Périph à 50 km/h, contre l’avis du ministre des Transports, contre le préfet de Police ? Contre Valérie Pécresse, présidente de Région ? Si l’on interdisait aussi les chantiers qui bloquent les voies de circulation pendant des mois sans un seul ouvrier pour y travailler ? Et les voies de circulation fermées en douce, les plans de circulation tellement absurdes que parfois, on se retrouve pris au piège, face à des carrefours où toutes les voies sont interdites (Le Parisien, 7 octobre 2024) ? Ce qui a tué Paul Varry le 15 octobre, c’est aussi l’idéologie, l’automobile bashing permanent, qui rend les automobilistes fous (Le Figaro, 10 octobre 2024), et en particulier Ariel M., un père de quatre enfants, qui a transformé son véhicule (4×4 ou pas), en arme, parce qu’il n’en pouvait plus d’être à l’arrêt depuis des heures alors qu’il emmenait sa fille chez l’ophtalmo. Seulement, il y a gros à parier que le jour de son procès, il sera seul sur le banc des accusés pour assumer les conséquences des faits gravissimes qui lui sont reprochés. Quand bien même le fait générateur initial est connu, et les responsables, parfaitement identifiés.

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Journaliste économique, directeur pédagogique de l’ILDJ, auteur de « Dernière crise avant l’Apocalypse » (Ring)

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