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Cuba, triste tropique

Reportage à Cuba


Cuba, triste tropique
Les fameuses tiendas panamericanas, magasins de l'indispensable, La Havane ( Cuba ), janvier 2022 © Julien San Frax

L’île communiste est incapable de surmonter la crise du Covid qui l’a privée de sa ressource vitale, le tourisme, et sa population survit avec une monnaie de singe. Mais la dictature se porte bien : entre deux répressions, elle glorifie la mémoire de Fidel et bâtit des tours dans une capitale en ruine.


Ce jour-là, le successeur de Hugo Chavez, Nicolas Maduro, satrape vénézuélien de la « révolution bolivarienne », se devait d’être à La Havane. C’était le 25 novembre dernier. À l’occasion du cinquième anniversaire de la mort de Fidel, l’actuel président cubain, Miguel Diaz-Canel, apparatchik falot et inamovible, inaugurait en grande pompe, flanqué du cacochyme frangin Raul Castro, le « Centro Fidel Castro Ruz ». Un véritable lieu de culte implanté dans l’ancienne demeure de l’aristocrate Leila Hidalgo de Conil, héritière d’une famille de grands banquiers catalans partis en exil à temps, en 1958.

Depuis les émeutes de juillet 2021, suivies en novembre par une vague de protestations, le régime est aux abois.

Le site occupe deux pâtés de maisons au cœur du quartier du Vedado, l’équivalent du 16e arrondissement de Paris : rien n’est trop chic pour célébrer la mémoire d’El Comandante. Après quatre ans de travaux et un budget illimité, la bannière de la Révolution flotte sur cet hôtel particulier qui a retrouvé son lustre d’antan. Blanchi et récuré, il abrite un musée high-tech, parcours immersif interactif bardé d’écrans tactiles et semé de pieuses reliques : nippes supposément portées par le guerrillero ; médailles rutilantes ; cadeaux officiels rapportés des aimables Union soviétique, Corée du Nord, Chine, Vietnam et autres paradis du socialisme ; maquette du Granma, le yacht mythique de l’expédition conduite en 1956 contre le dictateur Batista… Des murs opaques de la dernière salle, chapelle votive proprement spectrale, sourdent soudain, pour l’édification du pèlerin, serties dans des écrans plats comme autant de pieuses apparitions, les voix et les visages de célébrités idolâtres (de l’autocrate Hugo Chavez à l’écrivain Garcia Marquez). Du mardi au samedi officient dans ce sanctuaire une noria de prêtresses tirées à quatre épingles. La visite gratuite ne se fait que sous bonne garde, sur réservation, et non sans avoir montré patte blanche. Le sépulcre tape-à-l’œil baigne dans un immense jardin botanique où fleurissent des essences tropicales, et dans lequel est plantée une œuvre contemporaine : une miteuse pyramide censée symboliser l’esprit éternel de Fidel. Malgré cette débauche de moyens et de bon


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Mars 2022 - Causeur #99

Article extrait du Magazine Causeur




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