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Cruciales élections européennes de juin 2024…

Une tribune politique d’Alain Destexhe


Cruciales élections européennes de juin 2024…
La Secrétaire d'État chargée de l'Europe Laurence Boone, Bruxelles, novembre 2022 © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

Immigration, Pacte vert européen, liberté d’expression, wokisme, services numériques, élargissement… Sur tous ces sujets, les élections de l’année prochaine seront cruciales pour les Français. Si la coalition au pouvoir à Bruxelles n’est pas battue, nous pouvons craindre une radicalisation des politiques actuelles et un appauvrissement des Européens.


La souveraineté nationale n’est plus qu’un mythe. Comme d’autres peuples européens, les Français ne semblent pas avoir compris que la majorité des décisions politiques qui engagent leur avenir se prennent à Bruxelles et Strasbourg, et plus à Paris. Ils débattent peu de ce qui s’y passe, ne connaissent pas leurs représentants au Parlement européen, ne savent pas comment ceux-ci votent et participent peu à ces élections (50% de participation seulement, en 2019). Les prochaines, le 9 juin 2024, seront cruciales. La majorité actuelle allie le PPE, SD et Renew dont les composantes françaises sont respectivement LR, le PS et les macronistes, très souvent de mèche avec les écologistes. Si cette majorité est reconduite nous aurons « plus de la même chose » : l’immigration massive, une réduction du niveau de vie par l’écologie punitive, des limitations croissantes de la liberté d’expression et les progrès du wokisme et de l’islamisme. La rendre mathématiquement impossible est, sans exagération, un impératif vital pour la civilisation européenne, telle que nous la connaissons encore.

Plusieurs enjeux fondamentaux se détachent.

D’abord stopper l’immigration.  Depuis trente ans au moins, comme le montrent tous les sondages, la majorité des Européens, dont les Français, refusent la politique migratoire européenne qui consacre presque sans limite le regroupement familial et une conception dévoyée du droit d’asile. Depuis trente ans, à chaque crise, les dirigeants donnent des coups de menton, se rengorgent de formules creuses (« une politique ferme mais humaine ») alors que presque chaque année les chiffres de l’immigration sont en hausse. Tétanisés par le lobby migratoire (médias, ONG et universitaires), ces dirigeants sont complètement déconnectés du vécu des populations. Le jour même où Ursula von der Leyen pontifiait à Strasbourg sur l’état de l’Union européenne en abordant à peine la question, l’île de Lampedusa (6 000 habitants) était envahie par 7 000 migrants en un seul jour ! 

La présidente du conseil de l’Union européenne Ursula von der Leyen et la présidente du Conseil italien Giorga Meloni, Lampedusa, 17 septembre 2023 © Cecilia Fabiano/AP/SIPA

Ensuite, annuler le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal) qui va appauvrir la majorité des Européens. L’interdiction des voitures à moteur thermique dès 2035 est un coup de Jarnac porté à l’industrie automobile européenne et un cadeau à l’industrie chinoise qui n’en espérait pas tant ! Les fonctionnaires à l’origine de cette folle mesure ont-ils par exemple réfléchi aux investissements nécessaires pour augmenter la production électrique et la capacité du réseau, installer sur les trottoirs des bornes de recharge électrique ?  La directive logement en cours d’examen a pour objectif de pénaliser les propriétaires qui n’auront pas rénové, à grands frais, leurs biens. La crise du logement va encore s’aggraver. En réalité, il résultera de ces deux politiques phares, interdiction des moteurs thermiques et directive logement, une baisse drastique du niveau de vie de la grande majorité des Européens.

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Revoir le Digital Services Act (DSA). Même s’il comporte des aspects positifs, le règlement sur les services numériques (plus connu sous le nom de DSA), en application depuis quelques mois, constitue un danger majeur pour la liberté d’expression. Exemple typique de texte complexe dont les citoyens ne perçoivent pas forcément les dangers, il « responsabilise » les plateformes (Facebook, X, Youtube…) en ce qui concerne les contenus diffusés. Dans le doute et afin d’éviter des amendes colossales, elles auront tendance à censurer a priori, ce qu’elles font déjà ! Avec la fable de l’attaque israélienne sur un hôpital de Gaza, nous venons de vivre un exemple de désinformation mondiale massive par les médias mainstream, mais ils ne sont pas concernés par ce texte qui ne vise que les réseaux sociaux, notre ultime espace de liberté ! Le but de la DSA n’est pas de lutter contre la « désinformation », mais contre toute information contradictoire au récit officiel. Pourtant, les exemples de « désinformation », donnés par la Commission, pendant la crise du Covid-19, ont été nombreux. Et on peut aussi s’inquiéter qu’il ne soit demain plus possible d’entendre les voix de ceux qui suspectent des irrégularités lors des élections américaines, par exemple. En revanche, quand Gérald Darmanin nous parle des supporteurs anglais (pour les incidents au stade de France) ou de Kevin et Mattéo (après les émeutes), il s’agit bien sûr d’informations objectives ! 

Au plan institutionnel, la Commission, qui a le monopole des initiatives législatives, soutient avec des budgets considérables des associations musulmanes polémiques, le wokisme, la théorie du genre ou la panique climatique afin de relayer son idéologie climato-immigratio-progressiste.

Madame von der Leyen, qui n’est pas élue, a en réalité plus de pouvoir que le président Macron. Sans mandat pour cela, elle élargit sans cesse le périmètre d’action de son institution et veut admettre à brève échéance de nouveaux pays dans l’Union dont l’Ukraine et la Moldavie, sans consulter les populations européennes. La Commission doit être bridée, contrôlée dans ses moindres dépenses ; le Conseil européen et le Conseil des ministres doivent être renforcés pour en revenir à la philosophie d’une Europe des patries chère au général de Gaulle.

Sur toutes ces questions, les candidats et les partis devront être interrogés et se positionner et il conviendra de soutenir ceux qui veulent rompre avec cette Europe non démocratique qui s’impose contre la volonté de ses peuples.



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Sénateur honoraire belge, ex-secrétaire général de Médecins sans frontières, ex-président de l’International Crisis Group

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