En lisant l’interview d’Arnaud Montebourg dans Le Monde, où il fait preuve d’un jésuitisme très maîtrisé en assurant qu’il votera pour François Hollande tout en se défendant d’un quelconque ralliement, quelques souvenirs de mon éducation biblique me sont revenus en mémoire. Dans l’Évangile de Saint Jean, Jésus s’adressant à Pierre lui tint ce langage : « Le coq ne chantera pas que tu m’aies renié trois fois ».
Premier reniement d’envergure auquel l’intéressé lui-même avait donné une connotation religieuse, la question du cumul des mandats. Pour se justifier de « concentrer » des « contre-pouvoirs » entre ses petites mains en devenant le premier impétrant du Conseil général de Saône-et-Loire en sus de son mandat de député, il s’était fendu de ce trait d’esprit teinté d’un mépris assez condescendant à l’égard de ceux qui croient à la force des convictions et des engagements dans la vie politique : « je suis croyant, mais pas pratiquant ».
Second virage sur l’aile, plus idéologique celui-là, son combat pour imposer le système des primaires au Parti socialiste. Le chantre de la VIème République s’était ainsi jeté à corps perdu dans un système dont personne ne peut nier qu’il renforce la présidentialisation voulue par la Vème. La aussi, avec le recul, « croyant, mais pas pratiquant ».
Et enfin, après avoir déployé une redoutable énergie à prouver l’incompatibilité de son programme avec celui de François Hollande, non sans l’avoir critiqué très vertement sur ses qualités personnelles, notre reine d’un jour n’a su résister longtemps aux ors de la cour et posa ses lèvres sur la main tendue du roi « Flanby », comme il l’appelait à la verte époque où il n’était encore que petit marquis. Comment mariera-t-il sa foi à celle Manuel Valls dont il fustigea les thèses, « proches de la droite ». On ne saurait que lui suggérer « je suis croyant, mais pas pratiquant ».
Cette formule dépeint finalement assez bien un comportement qui dénote d’un très banal opportunisme, contradictoire avec des idées et des propositions souvent pertinentes et intéressantes, défendues avec fougue et, semblait-il, conviction.
Arnaud Montebourg est-il « croyant mais pas pratiquant » ? A la lumière ce dernier événement, les 450 000 citoyens qui lui ont sacrifié au minimum un euro et un peu de leur temps dimanche dernier pourront légitimement lui demander s’il est seulement croyant…
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