J’errais autour de la Bastille. J’avais une heure à tuer avant de prendre le train.
Je suis entré à la Belle Lurette, 26 rue Saint-Antoine. J’aime beaucoup cette librairie : on y prend en deux minutes le pouls exact du boboïsme — et plus particulièrement celui du Marais, qui en est l’émanation suprême. Les notices manuscrites, résumant l’avis toujours enthousiaste du libraire, accrochées à certains livres, flattent ce que le Parisien branché a de plus personnel — sa dose élevée de moraline, comme disait Frédéric N***, son appartenance à l’espèce Homo Festivus, comme disait Philippe M***, et sa totale déconnexion de la France périphérique, comme disait Christophe G***.
Coincé entre trois piles de succès présumés de la rentrée, il y avait quelques minces exemplaires de la Crise sans fin – Essai sur l’expérience moderne du temps, paru initialement en 2012 et qui vient de sortir en poche (Essais Points Seuil).
J’ai travaillé en 1986 avec son auteur, Myriam Revault d’Allonnes. Nous nous étions partagé le programme Lettres d’HEC portant sur le Langage, à elle le côté philo, à moi le versant littéraire et linguistique. Chez Belin — rue Férou, où habitait Athos. Trente ans ! C’était hier. Elle était alors prof de prépas à Lakanal, elle allait entrer au Collège international de philosophie, elle a depuis été associée au Centre de Recherches politiques de Sciences-Po et à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. C’était — et c’est toujours, sans doute — un petit bout de femme à l’intelligence étincelante et aux yeux bleu cobalt. Contact perdu — ainsi va le monde.
Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli.
La Crise sans fin: Essai sur l'expérience moderne du temps
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