Le creuset républicain est une fadaise, selon notre chroniqueur breton Maël Pellan
Je lis dans Causeur et alliés qu’il faudrait l’Union des droites, le front des gauches ou la quadrature des milieux. Rien du tout ! Pas plus de droite et de gauche que de beurre au cul ! Le seul vrai clivage qui existe maintenant c’est les anywhere contre les somewhere [tooltips content= »David Goodhart »](1)[/tooltips]. Et encore dans les somewhere, il y a deux sous-catégories : les vrais et les cocus. Parce que… franchement !… Un somewhere qui est né en Dordogne, qui a monté une boîte à Lille, qui vit à Paris tout en étant élu à Besançon c’est juste un anywhere qui n’a pas la carte flying blue d’Air France. Point.
Résumons le drame actuel de la France à travers la question linguistique. Il y a 200 ans chaque province avait sa ou ses langues. Pas plus con que la prospère Suisse qui en a quatre ou le Luxembourg et la riche Catalogne qui en ont trois je le rappelle. Bôh oui mais le gallo ou l’occitan, visiblement ça ne servait pas à grand’ chose et ça allait à l’encontre de la liberté, de l’égalité et de la fraternité alors on a simplifié tout cela avec une seule langue : le français. Bôh oui mais chacun, fut un temps, parlait encore avec son accent. Comment prêcher en Sorbonne ou dans une pub pour les assurances avec un accent de Carcassonne ? Bon alors tout le monde a été converti à l’accent de TF1 sauf Jean-Michel Apathie et le mec qui présente la météo. Bôh oui, bôh oui mais parler français maintenant c’est plouc vu que la spiritualité parle arabe et que le business parle anglais. Alors demain tout le monde parlera anglais à son banquier et arabe à Dieu.
Ce qui fait donc un beau pays de cocus !
Pourquoi ? Tout simplement parce que la France souverainiste, bien pleurnicheuse, qui fait du triple couche sur l’identité et l’enracinement s’est tout simplement fait prendre à son propre piège avec la mondialisation. Eh oui ! Car le « world village » qui nous ronge le cornet n’est rien d’autre qu’un remake en écran extra-large de la France unéindivisible de Dunkerque à Ajaccio. Evident camarade ! Depuis la Révolution, Corsico, Auverpinche, Breizhou, Bascoïde, Bourguignoche, tout le monde il peut être français, c’est juste une question d’adhésion aux « valeurs de la République », le « creuset français » comme ils disent… Surtout laisser ne pas conserver la moindre trace d’appartenance à une communauté quelconque. Le bon Français arrive nu de toute prédestination. Le contrat républicain laïque et uniéindivisible sera son père, sa mère et la cohorte de ses ancêtres.
Bah, c’est simple à cette logique tu rajoutes trois milliards de chinois et 500 000 millions de noirs et peuplades associées et là tout le monde peut être citoyen du monde. Adhésion simple ou premium par accord tacite aux valeurs du marché libre et du vivrensemble en place du contrat républicain de l’Unéindivisible ! Rocard disait « La France s’est créée en détruisant cinq cultures : Breton, Occitan, Alsacien, Corse et Flamand. Nous sommes la seule nation européenne qui est la création militaire d’un État non homogène. Ceci fait la France difficilement gouvernable à ce jour. Ceci explique notre difficulté de réformer, notre lenteur ». Maël Pellan ajoute: « Ce modèle français s’est étendu au monde entier, ça s’appelle la mondialisation »
Bah oui parce qu’aujourd’hui la France a trouvé plus universaliste, plus « diversitaire » qu’elle. Sa langue ? Ringarde ! Amélie Poulain avec les couettes et la robe Vichy ! Pire que le patois de la Saône-et-Loire ! Et ses valeurs ? Un bréviaire anti-ethnistes d’adoption républicaine par le « contrat social » républicain et le droit du sol républicain qui sert de badge d’entrée républicain à tous les Kouachi de la terre.
C’est quoi être Français ? Vous prenez les arrières grands-parents de toute la rédaction de Causeur, il n’y en a peut-être pas un qui parlait la même langue. A comparer avec un Allemand ou un Japonais… Quant à la « République ». Pffff moi aussi je suis républicain ! A bloc ! Tendance irlandaise !
Jacques Attali, le grand mamamouchi des anywhere avec Carlos Ghosn, n’a pas de patrie à part sa valise. Mais en 1888 le général Boulanger se faisait déjà élire à la fois dans le Nord, la Somme et la Charente Inférieure! Et Mélenchon… une élection à Paris, l’autre à Marseille… Ce sont eux aussi des anywhere… des « interchangeables »… des « hommes indifférenciés » à leur manière… la France c’est un « creuset » apparemment… faut mélanger, mélanger… il en sortira bien un « Homo Francus »… ou un hippocampe à pattes jaunes.
Vous-mêmes qui me lisez à Livry-Gargan, regardez autour de vous : les rouergats et les bretons déculturés, francisés pour un poste à la RATP sont remplacés désormais par des Maliens et des Algérois. Qui vont déculturer votre descendance à leur tour.
Un souverainiste français n’est pas un somewhere, ez ! (Ça veut dire « non » en basque) c’est juste un anywhere qui s’est fait battre par plus anywhere que lui. Un cocu en somme.
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