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Crépol: visionnaire Gérard Collomb

Le regard libre d’Elisabeth Lévy


Crépol: visionnaire Gérard Collomb
© MOURAD ALLILI/SIPA

Maire de Lyon deux décennies durant, ministre de l’Intérieur déçu par le macronisme, Gérard Collomb s’est éteint à 76 ans samedi 25 novembre. Le président de la République, Emmanuel Macron, assistera à ses obsèques, mercredi. Les propos tenus par l’homme politique, lors de son départ fracassant du gouvernement en 2018, résonnent prophétiquement après l’attaque de Crépol par des délinquants issus de l’immigration et les incidents du weekend à Romans-sur-Isère (26).


Après la mort de Gérard Collomb, beaucoup saluent son talent visionnaire. La mémoire est injuste. Gérard Collomb a servi son pays et sa ville durant un demi-siècle. La postérité retiendra surtout cette phrase prononcée le 3 octobre 2018 après sa démission. Déplorant que dans certains quartiers règne la loi du plus fort, il ajoutait : « Aujourd’hui, on vit côte à côte, je crains que demain on puisse vivre face à face ».

La France des clochers a peur

Peut-être avait-il d’autres raisons, plus lyonnaises et plus personnelles. Mais saluons le courage politique. Quand tant de nos dirigeants s’adonnent au déni, il a dit tout haut ce que tous savent. Pensons à François Hollande déclarant publiquement que les « territoires perdus » n’existaient pas, et confiant à des journalistes sa crainte de la partition. Ou à Emmanuel Macron qui prétend combattre le « séparatisme » mais refuse de le voir quand il se manifeste violemment.

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Cependant beaucoup ont avancé que le diagnostic de Gérard Collomb était excessif. Ce n’est pas ce que pense la France des clochers après le meurtre de Thomas. À Crépol, c’est la première fois que l’issue est aussi tragique, mais c’est loin d’être la première fois que des racailles sèment la peur dans des fêtes villageoises ou veulent tuer ou planter du « céfran ».

Emmanuel Macron et Gérard Collomb à Lyon, juin 2018. SIPA.

Ce face-à-face on l’a vu à Crépol. Puis à Romans-sur-Isère. Soyons clairs. Les droitards-identitaires qui définissent l’identité française par la couleur de la peau sont consternants. Traiter de « collabos » des policiers qui ont fait leur boulot et peut-être évité le pire est dégueulasse. Comme les racailles, certains des manifestants de samedi voulaient occuper le territoire, mais il ne me semble pas que c’était une « ratonnade » comme l’a dit l’extrême gauche. On ne fait pas une ratonnade à 1 contre 100. D’ailleurs, c’est un manifestant qui s’est fait tabasser. Aussi nazillon soit-il, on devrait condamner cette violence également. Mais non : le silence dit « bien fait pour lui ».

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C’est l’aveuglement des politiques qui fait monter la tension

Nous ne sommes pas à Dublin. Le peuple français subit l’ensauvagement et la haine de certains Français (ce ne sont évidemment pas tous les descendants d’immigrés, heureusement). Il condamne l’agression raciste de Mourad le jardinier. Et pour l’essentiel, il manifeste dignement sa colère, sans brûler d’école, sans sortir de couteau et sans faire d’amalgame. Mais nos dirigeants jouent l’apaisement face aux fauteurs de haine et accusent la France tranquille de jeter de l’huile sur le feu. Ce qui pourrait faire déborder le vase et provoquer le face-à-face – qui est l’autre nom de la guerre civile – ce sont leurs mensonges et leur aveuglement paniquard.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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