Le concept de créolisation est la réponse de Jean-Luc Mélenchon à la bascule démographique. Nous sommes sommés d’accepter un phénomène sans même pouvoir le décrire objectivement.
Jean-Luc Mélenchon l’affirme : la France est en voie de créolisation. Un concept qu’il a chipé au romancier Edouard Glissant, pour lequel les sociétés créoles basées sur le métissage des cultures seraient le devenir du monde. « J’appelle créolisation la rencontre, l’interférence, le choc, les harmonies et les disharmonies entre les cultures, dans la totalité réalisée du monde-terre. (…) Ma proposition est qu’aujourd’hui le monde entier s’archipélise et se créolise », écrivait ainsi le Martiniquais. Une idée que Jean-Luc Mélenchon a fait sienne, tant elle semble, de prime abord, adaptée à la situation que rencontre présentement la France. La « créolisation » répond en effet autant au projet républicain post-colonial qu’à la nouvelle composition ethnoculturelle du peuple français, ou vivant dans l’espace géographique que recouvre la France continentale.
Pour le candidat de la France Insoumise, nous n’en sommes qu’aux prémices de la formation d’un nouveau peuple. Après tout, les Francs n’auraient-ils pas eux-mêmes présidé à une ethnogenèse ayant engendré un peuple qu’on nomme aujourd’hui « français » ? Passons sur les détails cruels de l’Histoire, bientôt naîtra ce Français d’ici et de là-bas, synthèse du grand tout uniformisant gardant toutefois une identité propre : un créole d’un nouveau genre, autochtone et allogène dans un même mouvement. Ce projet ne se distingue point du tout de celui des globalistes libéraux ; il est cosmopolite, comme l’est l’idéal trotskyste. Il est d’ailleurs curieux que ceux-là mêmes qui se font les chantres de ce métissage soient aussi hostiles à l’expression de « grand remplacement » … qui ne dit rien de plus sur le sujet.
Appelez ça comme vous voulez…
Le « grand remplacement » ou la « bascule démographique » n’a pas de connotation méliorative ou péjorative, si l’on s’en tient à sa lettre. Il s’agit d’un constat purement factuel : en quelques décennies, la population française a plus évolué qu’elle ne l’a fait lors des millénaires précédents. Pour s’en convaincre, il suffira de regarder des photos des équipes de France espoirs de football à notre époque et en 1981… Ou, plus simple encore, de déambuler une petite heure dans certains arrondissements parisiens. Argumenter à l’aide de statistiques et de chiffres est, d’une certaine manière, inconvenant. Pourquoi nier la réalité tout en se réjouissant des conséquences ? Il sera aussi naturel d’en conclure que, forte d’un peuple remanié, la France dans son identité politique, culturelle et historique, en sera transformée. Disons, taquins, qu’elle sera « créolisée ».
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Jamais dans l’histoire du monde, une civilisation n’aura subi un tel choc démographique, anthropologique et culturel que la nôtre, à l’exception notable des indiens d’Amérique dont nous ne connaitrons toutefois pas le sort. Le choc a été rude, pour ne pas dire brutal. Quels fils tiennent encore ensemble les Français ? Le sport ? Râler ? Se construisent des mondes, des univers différents qui doivent partager le même territoire. Et ce « grand remplacement » à l’œuvre n’est pas tout entier contenu dans la question migratoire extra-européenne. Ce sont nos mœurs et nos usages qui se transforment sous nos yeux ; la matière du peuple français se fait différente, mutante.
La France face à son destin
Il faudrait presque remercier Jean-Luc Mélenchon d’affirmer que pour que la France existe encore demain, il faudra que naisse un nouveau peuple. Pour l’heure, la créolisation se limite à une forme d’abêtissement généralisé. Il s’agit précisément d’une France du kebab, des « tacos français », du rap, éventuellement du foot et d’Instagram. Une France déculturée qui a engendré d’une sous-culture sotte. Nous ne parlons pas d’une France qui ferait naître des John Coltrane et de nouveaux Césaire, mais d’une France tyrannisée où oser formuler des vérités peut vous valoir de comparaître devant un juge d’Instruction.
Nous sommes sommés d’accepter le phénomène sans même pouvoir le décrire objectivement. La question est pourtant existentielle, viscérale, engageant tout notre passé et tout notre devenir collectif. Maintenant, nous y sommes, face au destin. Il ne sert à rien de pleurer sur ce qui n’a pas été fait hier. L’urgence est de mettre un coup d’arrêt à cette machine infernale, pour nous comme pour ceux qui veulent sincèrement s’assimiler à la culture française. Hier, Marion Maréchal Le Pen affirmait que, demain, la France serait peut-être une République islamique. L’avenir sera plus pathétique. Notre futur possible en 2050 serait plus probablement de vivre dans une République bananière tiers-mondisée, où les plus riches vivront à l’abri dans des quartiers fermés prévenant les assauts des enclaves islamiques vivant du narcotrafic. Les classes moyennes, disparues ou mises en néo-servage, formeront un lumpen entretenu par des revenus universels de solidarité. Est-ce là un horizon progressiste ?
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