Nous avons appris ce matin, comme tous les Français, la nouvelle du crash d’un airbus A320 de la compagnie Germanwings dans les Alpes du sud, alors qu’il effectuait un vol reliant Barcelone à Düsseldorf. Au-delà de la compassion que ce drame nous inspire pour les victimes et leur famille, il convient tout de même de s’interroger sur le traitement particulier que certains médias réservent à cet événement.
A 12h54, Libération titrait en effet « Crash d’un Airbus près de Barcelonette, d’après François Hollande, il n’y a aucun survivant. » A 12h45, c’est Le Monde qui publiait « Crash d’un Airbus A320, aucun survivant selon Hollande ».
Ainsi donc, François Hollande est devenu le correspondant « ès drames » des quotidiens nationaux. Ce n’est pas vers l’AFP, mais vers lui qu’ils se précipitent pour prendre des informations. Le Préfet des Alpes de Haute-Provence, le directeur de l’aviation civile, le ministre des transports n’en ont-ils pas de plus précises à leur niveau ? Non, c’est vers François Hollande qu’on se tourne pour recueillir des précisions sur le drame. L’Elysée est devenu une agence de presse.
Faut-il y voir l’effet d’un exécutif qui a perdu tout pouvoir et qui est condamné à commenter les faits divers ? Ou est-ce l’un des derniers avatars du pouvoir monarchique en France : les médias, comme le peuple, iraient chercher auprès de leur souverain un peu de réconfort ? Sans doute un peu des deux, ce qui a conduit le député Lionnel Luca à se payer le Président dans un tweet : « On croyait avoir perdu FH depuis ce week-end électoral meurtrier. On vient de le retrouver comme commentateur du crash. »
La concomitance et la similitude des titres de Libération et du Monde laissent en tout cas supposer que L’Elysée a été assez pro-actif dans la publication d’un communiqué. Investi du rôle de père protecteur de la nation après le 11 janvier, François Hollande va-t-il finir son mandat en touchant les écrouelles, là ou d’autres l’imaginaient inaugurant les chrysanthèmes ?…
*Photo : LAURENT VU/SIPA/1503241450
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