Te souviens-tu de l’année 2020 ? Celle qui devait faire oublier 2019. Au début, on a tenu en respect le cyclone puis on l’a regardé nous atteindre. On a cherché des explications. Ce virus n’avait pas de sens, on a essayé de rationaliser son arrivée, nous fait remarquer Etienne Klein.
Un avertissement de la nature ? Le climat maltraité, l’hyperconsumérisme ? Une punition de Dieu ? Certains l’avaient même prédit à les écouter. On a fantasmé les finalités de ce nouveau virus. Il pourrait mettre en exergue les tares de notre société et nous obligeait à y remédier. Il pourrait être à l’origine d’une solidarité dans un véritable repentir partagé, le jour d’après.
On manquait d’informations, de protections. Les services de réanimation se remplissaient. Le comptage morbide quotidien allait débuter. Il fallait absolument stopper sa transmission. Arrêter la malédiction.
Le confinement avant tout
Alors le premier temps fort de sa gestion a été l’assignation à résidence, acceptée avec une résignation quasi désarmante. Bernard-Henri Levy s’en est ému dans son dernier essai (Le virus qui rend fou). On n’avait pas de traitement autre que l’isolement. On a mis en berne la vie et l’économie au profit du tout sanitaire. Les célibataires devraient le rester au moins quelques semaines, les femmes battues devraient patienter, les personnes fragiles devraient compter sur la contribution amicale ou familiale pour se nourrir. On n’a plus observé le monde qu’à travers le prisme de la Covid 19. On n’a plus parlé des conflits, des famines, des autres maladies. On a comparé les pays du Nord au Sud dans leur gestion de cette seule maladie : la Suède qui avait décidé de ne pas se confiner, l’Inde où l’on risquait des coups de bâton si on n’appliquait pas strictement le confinement…
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Outre les informations des scientifiques ou des politiques, les réactions individuelles face à ce virus ont varié de façon très intéressante d’une personne à l’autre : de celui qui nettoie frénétiquement ses courgettes à l’eau de Javel à celui qui ne conçoit jamais le port d’un masque, jugé inutile ou liberticide.
Le Scientifique
Puis, deuxième temps fort, il y a eu ce scientifique. Pas le messie ni un charlatan, un professeur de maladies infectieuses. Il fallait arrêter la malédiction. Dans cette ambiance de chaos et d’hésitations, il avait des convictions, il avait une intuition. Et il l’a clamé telle une affirmation. Jusqu’à être acclamé par certains, hué par d’autres. Son intuition a été déclinée et extrapolée : traitement protecteur, traitement préventif, traitement curatif ?
Mais parviendrait-on à shunter le temps scientifique ? Tout le monde s’était déjà fait une opinion, l’ère du « je ne suis pas médecin mais… » avait commencé. Certaines idées semblent intuitivement plausibles même sans tout connaître comme le bien- fondé de la fermeture d’une centrale nucléaire.
On était allé plus loin dans ce cas précis. On assistait à l’émergence de deux camps à l’origine de vives tensions. D’abord parmi les scientifiques dont de nombreux estimaient cette thérapeutique inefficace voire dangereuse, Les pressions quant à sa prescription se sont vite exercées.
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Puis au sein du grand public (téléspectateurs, twittos, acteurs, footballeurs,…), certains vénéraient l’idée de l’antidote, d’autres la personnalité de ce professeur. Des dissensions sont apparues au sein des politiques français et internationaux. Comme si un remède pouvait être de droite ou de gauche. Un véritable militantisme décorrélé de la connaissance pour reprendre l’expression d’Etienne Klein.
En effet, même si la frontière est floue entre croyances et connaissances, il faut les distinguer. Il n’appartient qu’aux études scientifiques in vivo pas in vitro, de donner les conclusions, pas au public, pas aux fans club, et au pouvoir politique de les utiliser en fonction de différents paramètres, sans tenir compte uniquement de la médecine.
Tracts de Crise (N°25) - Je ne suis pas médecin, mais…
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