Les dernières mesures — la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal, les vexations qui s’accumulent, les restaurateurs priés de jouer aux flics — ne parviennent pas à convaincre notre chroniqueur. Il en arrive même à faire du mauvais esprit.
Le variant Omicron, c’est encore la Bourse qui en parle le mieux :
« Le brusque coup de mou à la découverte du variant Omicron (-4,75% le 26 novembre dernier, plus forte chute journalière de 2021) a rapidement été effacé, le CAC 40 ayant reconquis dès le 22 décembre le seuil des 7.000 points, soit trois semaines après son creux à 6.655 points (le 30 novembre). Rasséréné par la désormais probable moindre dangerosité de cette nouvelle souche de Covid-19, le baromètre de la cote tricolore ne s’est pas arrêté en si bon chemin. À moins de 20 points de son plus haut historique en clôture ce lundi (+0,76%), l’indice phare a conservé son biais haussier ce mardi, et inscrit un nouveau sommet en clôture, à 7.181,11 points (+0,57%), le premier depuis le 17 novembre dernier », selon BFM-Bourse.
C’est cela, la réalité de l’épidémie : un variant très pathogène mais très peu dangereux, qui se répand à la vitesse d’un mauvais rhume (50% des 140 000 nouveaux cas du 28 décembre n’ont ressenti aucun symptôme), qui n’empêche absolument pas les entreprises de tourner et les gens de vivre, mais au nom duquel on impose des contraintes de plus en plus folles. Ne pas manger ni boire dans les trains ! Quel épidémiologiste fou a convaincu Castex de décréter une telle mesure ? Le service du nettoiement de la SNCF ?
Je ne suis pas infectiologue (ni sélectionneur de foot), contrairement à 67 millions de mes compatriotes. Ce qui suit est donc un avis personnel.
Nous devrions profiter de la très faible dangerosité d’Omicron pour attraper en foule le Covid. On va y arriver de toute façon, puisque les vaccins tant vantés ne nous épargnent pas de tomber malades et d’être contagieux. C’est le moment ou jamais de parvenir à la fameuse immunité de groupe : plus nous aurons été exposés au virus, et mieux nous résisterons.
D’autant que la politique du tout-vaccin a un résultat évident : elle incite le virus à muter. Comme la grippe. Si le prochain variant choisit d’être plus létal (ce n’est pas son intérêt, notez-bien : il est fort rare qu’un virus choisisse de tuer son hôte), ne survivront que ceux qui auront en eux de vrais anticorps — et pas un vaccin dont l’effet, apparemment, faiblit au bout de six semaines…
Mon raisonnement vient d’être adopté par le gouvernement israélien, qui a suspendu l’injection de la quatrième dose, et semble jouer désormais la carte de l’immunité collective. En l’absence d’un vaccin digne de ce nom, un vaccin qui vous empêche d’être malade et donc de transmettre la maladie, un vaccin qui ne soit pas une simple usine à cash – eh bien, le meilleur moyen de résister au Covid, c’est d’y céder.
Oui, mais cela expose les plus faibles, etc.
Les plus faibles meurent depuis le début de l’épidémie. L’âge moyen des décédés est de 82 ans — et encore s’agit-il d’octogénaires atteints, comme on dit joliment, de « co-morbidités » : en clair, ils étaient déjà sur la mauvaise pente. Trop gros, trop cardiaques. Si le gouvernement était réellement cynique, au lieu de préparer une nouvelle réforme des retraites, il se frotterait les mains : tous ces décès, ce sont autant de pensions que l’on n’aura plus à payer. Je rappelle aux plus stupéfaits que c’est le raisonnement qui, lors du vote de la loi Evin, a convaincu les autorités de l’époque de ne pas interdire le tabac, qui est autrement mortel que le Covid : l’âge moyen des décès pour cause de tabagisme aigu s’établit autour de la soixantaine — un profit inestimable si l’on ajoute les retraites impayées aux profits directs de la vente de tabac.
Ah, la France vieillit ? Après épuration des plus âgés, la balance des âges se rétablira quelque peu. Les jeunes ont l’outrecuidance de passer comme des fleurs au milieu de l’épidémie — moyennant quoi on veut les vacciner contre une maladie qui ne leur fait rien : à part Pfizer, qui gagne à un pareil raisonnement ? Demain ils seront plus nombreux que les vieux — et paieront les retraites des survivants.
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« Mais savez-vous, l’objecte-t-on, ce que coûte une journée en réanimation ? » « Mais savez-vous, ma bonne dame, ce que coûte à l’Etat l’achat de 67 millions de doses de vaccins multipliés par trois — et bientôt par quatre ? » Le budget de la nation s’enfonce à combattre un virus qui n’est pas plus létal que tous ceux qui l’ont précédé, et auxquels nous avons laissé la bride sur le cou. Et comme la Bourse seule dit la vérité, l’action Pfizer flirte avec les sommets.
Ce que signifie la politique aberrante de ces deux dernières années, c’est que le principe de précaution qui faisait déjà des ravages atteint ces temps-ci des sommets. Pour éviter d’être traînés en justice, pour épargner la vie d’une dizaine de gens déjà atteints de pathologies mortelles par lot de 100 000 personnes, le gouvernement déploie des ressources infinies, nous impose des contraintes vexatoires, il détruit les familles (si, si, il y a des gens qui obligent leurs proches, lors des repas conviviaux, à produire un test négatif), il culpabilise les jeunes, accusés de tuer leurs grands-parents, et il rend la vie impossible aux non-vaccinés, selon la jolie formule de Véran.
Ma vieille tante a 83 ans, et une vie passée à travailler dans les hôpitaux : c’est dire si elle connaît à fond, comme elle dit, le narcissisme et la volonté de puissance des médicastres. Elle est fragile et portée à toutes sortes d’allergies, elle ne s’est pas fait vacciner et ne le fera pas. Elle s’enferme chez elle, elle résiste à l’énorme pression médiatique, se fait discrète et descend faire deux courses en catimini chez les petits commerçants de son quartier, convaincue que la force publique viendra incessamment l’arrêter pour l’obliger à se vacciner. Le pire, c’est qu’elle a sans doute raison par anticipation : d’ici peu les gens dénonceront les non-vaccinés, avec une bonne conscience en béton armé. Comme elle me dit : « Mourir, de toute façon, il faudra bien… » Mais pourquoi anticiper en se faisant injecter une potion qu’elle pressent mortelle ?
Bien sûr, c’est irrationnel. Mais elle est arrivée à un âge où je respecte ses lubies. Et je dénie à qui que ce soit le droit de venir de force lui injecter dieu sait quelle saloperie dont les effets, si l’on veut parler du principe de précaution, sont loin d’être bénins.
Alors, je pose la question : un gouvernement qui désespère les vieilles dames est-il un bon gouvernement ?
Je suis vacciné, et je ferai une troisième injection, parce que j’y suis contraint, que je dois me déplacer, et que je veux continuer à aller au cinéma, pour donner sur Causeur des chroniques mémorables… Mais je ne force personne à le faire. Un tel vaccin doit être un choix.
Par ailleurs, je sais que 80 000 lits ont été supprimés en dix ans — y compris dans les deux dernières années — et que les infirmiers sont si mal payés qu’ils partent en masse vers le secteur libéral. Je sais aussi que le Covid est un merveilleux écran de fumée qui empêche de dire qu’il y a toujours 5 millions de chômeurs, et que trop de gens touchent moins de 1000 euros par mois : dis-moi, Castex, tu vivrais avec moins de 1000 euros par mois ?
Quant aux syndicats enseignants qui demandent encore « des moyens » pour installer des détecteurs de CO2 dans les classes, et voudraient reculer la rentrée (moins ! Toujours moins !), je préfère ne rien en dire. Les élèves français ont été rendus inscolarisables par deux ans de mesures erratiques. Dans six mois ils seront définitivement perdus. « Oui, mais notre sécurité aura été assurée ! » clament les syndicats. Faut-il leur répéter qu’aucun enseignant, pour le moment, n’est mort du Covid ? Et que seule une poignée d’élèves, atteints de pathologies graves, y ont cédé ?
P.S. Ce sera le dernier billet de l’année. Nous nous souhaiterons une bonne année 2022 (sentez-vous l’ironie de ma phrase ?) quand il sera temps.