Il manquait une rubrique scientifique dans Causeur. Peggy Sastre vient combler cette lacune. À vous les labos!
Si les prédictions sont particulièrement difficiles en ces temps d’extrême incertitude, on n’a pas besoin de trop se mouiller pour flairer que le désormais fameux « monde d’après » – qu’il serait d’ailleurs plus judicieux de qualifier de « monde en plein dedans » – ne sera pas fait de lendemains qui chantent. Même quand on n’est pas infecté par le Covid-19, les mesures si pénibles pour les primates sociaux que nous sommes – le confinement, le masque obligatoire partout y compris là où il n’est pas sanitairement pertinent, la distanciation physique – ainsi que le défilé d’informations anxiogènes et la récession économique s’installant aux quatre coins de la planète ne sont pas générateurs d’une santé mentale aux petits oignons. Et c’est le moins qu’on puisse dire. Dès le 15 avril, un article du Lancet insistait ainsi sur « l’urgence » d’un effort de recherche massif et pluridisciplinaire sur les aspects « psychologiques, sociaux et neuroscientifiques de la pandémie ». Quelques jours plus tard, dans la même revue et avec la même acuité, une autre publication alertait de la très forte probabilité d’une flambée de suicides – ce fut le cas aux États-Unis lors de la grippe espagnole (1918-1919) et à Hong Kong lors du SRAS (2003) – et en appelait, là encore, à un sérieux retroussage de manches pour comprendre et prévenir les effets les plus délétères du SARS-CoV-2 sur nos cervelles.
