Vous en avez assez des grands restaurants prétentieux qui coûtent un bras ? Ça tombe bien, voici trois adresses parisiennes bon marché qui vous proposent des mets délicieux cuisinés sans chichis. À table !
Alors que nous déjeunions à La Tour d’argent, face à Notre-Dame, et que l’on nous servait les mets les plus raffinés, Élisabeth Lévy me fit soudain cet aveu, quelque part entre le saumon sauvage de l’Adour aux amandes et le « millefeuille feuillantine, crème safranée et confit de fruits rouges rafraîchis à la rhubarbe de Villebon-sur-Yvette », une tuerie commenta-t-elle sobrement : « Tu sais, dans le fond, ce que je préfère, c’est la cuisine sans chichis, une bonne côte de bœuf cuite à la braise, avec du mordant… »
Notre sainte patronne est pour une fois en phase avec l’air du temps. En moins de vingt ans, l’idée que l’on se fait du luxe gastronomique a totalement changé. On est passé du théâtre des grands restaurants à la poésie de la cuisine brute (comme il y a un art brut), de Voltaire à Rousseau, du service en queue-de-pie à la mamma italienne moustachue façonnant ses gnocchis avec les doigts dans une trattoria perdue des Abruzzes… Aucun restaurant trois étoiles Michelin (ils se ressemblent tous désormais) n’est en effet capable de reproduire la magie d’un casse-croûte improvisé un matin d’automne, dans un village abandonné du Beaujolais, au milieu d’un troupeau de chèvres, en compagnie d’un vigneron qui vous ouvre une bouteille pas étiquetée qui fleure bon la griotte. Aucun palace ne peut rivaliser avec le charme d’une taverne grecque de pêcheurs, où les poissons frétillants sont simplement apprêtés au sel, à l’huile d’olive et à l’origan sauvage, pendant que s’avance le paysan du coin tirant son mulet chargé de tomates et d’aubergines…
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À défaut de parcourir l’Europe à la recherche de ces lieux hors du temps, voici quelques adresses parisiennes accessibles qui vous aideront à retrouver le goût de « lotentique » comme dirait Ugolin dans Jean de Florette.
Le couscous du berger de Nordine Labiadh
Toutes les enquêtes d’opinion réalisées ces vingt dernières années le confirment : le couscous est devenu l’un des trois plats préférés des Français, avec la blanquette de veau et le magret de canard. Encore inconnu chez nous il y a un siècle, ce plat fit son apparition après la Seconde Guerre mondiale, dans les bouibouis tenus par les travailleurs maghrébins. Mais le couscous devint vraiment un phénomène de société à partir de 1962, avec le rapatriement des pieds-noirs d’Algérie. Pour survivre, nombre d’entre eux ouvrirent des restaurants et inventèrent le « couscous royal », qui ne correspond à rien d’authentique au Maghreb, où
