Peut-on donner aux élèves issus de milieux défavorisés la chance de réussir que l’école publique a échoué à leur offrir? C’est le pari fou du réseau Espérance Banlieues dont les établissements hors contrat réhabilitent le goût de l’effort, le vousoiement et même la Marseillaise. Reportage.
Au début, on a du mal. Vousoyer des mioches de 6 ou 7 ans, cela donne l’impression de renoncer à son statut d’adulte, même si eux vous donnent du « Madame » et s’adressent à « Maîtresse Lore » ou à « Maître Guillaume ». Et puis on se dit que non seulement ce formalisme d’un autre âge instaure la distance que l’Éducation nationale s’ingénie à détruire, mais qu’il est peut-être une façon de rappeler aux enfants et aux adultes qu’ils sont là, les uns pour découvrir, les autres pour servir un monde plus grand qu’eux. Alban Reboul Salze, quadra élancé et urbain qui dirige le cours Charles-Péguy à Sartrouville, dernier-né du réseau Espérance-Banlieue créé par le maire de Montfermeil Xavier Lemoine, avance une explication assez proche : « La spécificité de cette école, c’est qu’on dit aux enfants qu’on croit en eux. Le vousoiement leur montre qu’on respecte les adultes qu’ils vont devenir. Maintenant, cela me choque presque quand on tutoie mes adolescents dans la rue. Et croyez-moi, cela n’a rien à voir avec l’égalité. » De fait, quand on observe cette petite collectivité en action, le doute n’est guère permis : il y a bien des adultes qui enseignent, fixent les limites et sanctionnent s’il le faut, et des enfants qui sont là pour apprendre et pour progresser.
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