L’assassinat barbare de Samuel Paty par un musulman nous a été présenté comme un événement sans précédent. Peut-être à tort.
L’assassinat barbare de Samuel Paty par un musulman nous a été présenté comme un événement sans précédent. Peut-être à tort. Le 5 décembre 2018, John Dowling sort du pôle universitaire Léonard-de-Vinci à Courbevoie. Il est environ midi, et ce professeur d’anglais s’en va déjeuner. L’enseignant d’origine irlandaise passe devant les étudiants dispersés sur la dalle de la place Mona-Lisa. Les uns fument une cigarette, d’autres attaquent leur sandwich. Ils observent ce professeur proche de la retraite se diriger vers Ali Hassan Rajput, un ancien élève que beaucoup préfèrent éviter.
L’irresponsabilité pénale bientôt confirmée?
Cet homme de 35 ans un peu dérangé les inquiète : arrivé en France en septembre 2016, le Pakistanais n’est jamais parvenu à s’intégrer à l’école. Il se comporte mal avec les femmes, ne parle pas bien français et est très religieux. Lors d’un stage en entreprise, il aurait exigé une voiture de fonction. Comme elle lui est refusée, il crie au racisme. Finalement, son premier semestre n’est pas validé, et l’université l’exclut. Fait rare, l’exclusion est assortie d’une interdiction de se présenter dans les locaux. Les vigiles ont pour consigne de ne plus le laisser entrer, car il nourrit une haine tenace contre son ancien établissement. Alors que son titre de séjour n’est pas renouvelé, il se fait de plus en plus menaçant. Reste que ce mercredi midi, il discute calmement avec John Dowling.
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Soudain, il sort un couteau de sa poche, saisit son ancien professeur par le bras et lui assène 15 coups au cou, au thorax et à la tête. La victime de 66 ans s’effondre, la barbe blanche qu’elle porte en collier recouverte de sang. La placette s’est transformée en une scène d’horreur. L’irresponsabilité pénale du meurtrier devrait être confirmée en mars 2021 par la justice. Deux collèges d’experts ont estimé qu’il souffre d’une psychose paranoïaque. Et que sa place est à l’asile.
Un dessin diffusé en cours?
On n’a que très peu parlé de ce fait divers sanglant. Le lecteur de Causeur sait que la presse parle de ce qui l’arrange et arrange ce dont elle parle. Pour défendre notre noble corporation, rappelons que nous étions alors tous fort occupés à commenter le saccage de l’Arc de Triomphe, et que cinq jours après le drame, l’attentat perpétré au marché de Noël de Strasbourg par Chérif Chekatt nous replongeait dans l’effroi islamiste. Enfin, le parquet national antiterroriste ne s’est jamais saisi du dossier.
Et puis Ali Hassan Rajput ne reprochait quand même pas à John Dowling d’avoir montré un dessin insultant à l’endroit de Mahomet, n’est-ce pas ? Non ? Si. En 2018, la procureure de Nanterre indiquait que selon les dires de l’assassin en garde à vue, l’enseignant « avait fait un dessin, diffusé en cours, insultant pour le prophète ». Lors de l’enquête, cet épisode n’a toutefois été attesté par aucun étudiant.