L’édito de l’été d’Elisabeth Lévy
Les urnes ont parlé. Il s’agit de les faire taire au plus vite. Au lendemain des législatives, la classe politique et les commentateurs observaient avec une satisfaction de commande que la nouvelle Assemblée représentait la pluralité des opinions en France. Les Français, s’émerveillait-on, ont inventé la proportionnelle au scrutin majoritaire. Ce bel enthousiasme démocratique a vite cédé la place aux habituels tortillages de fondement. Les arbitres des élégances ont distribué des brevets de République, appelant à ressusciter un cordon sanitaire qui, depuis quarante ans, accompagne l’ascension du Front, puis du Rassemblement national.
Il s’agit même, comme l’a judicieusement formulé Alain Finkielkraut, de le faire passer à l’intérieur de l’Assemblée nationale. Peu chaut à nos directeurs de conscience que les 577 députés soient des élus du peuple. Certains Français qui ne savent pas ce qui est bon pour eux sont moins égaux que d’autres. Changeons le peuple !
Le 5 juillet, Gérald Darmanin déclare tranquillement sur BFM : « LFI et RN sont nos ennemis. » Oui, oui nos ennemis vous avez bien lu. Si on se réfère aux scores du premier tour de la présidentielle, ça fait tout de même 16
