Symbole du sport français, Le Coq sportif lutte pour sa survie. Placée en redressement judiciaire, la marque a six mois pour se remplumer.
Il a paradé sur le maillot jaune de Bernard Hinault, pavoisé sur le polo de Yannick Noah, légendé la tunique verte de l’AS Saint-Étienne, et en août dernier, lors des JO de Paris, le Coq sportif, emblème d’une firme française créée il y a cent cinquante ans, était encore brodé sur le cœur de tous les athlètes de la délégation tricolore. Mais depuis, le chant du coq ressemble au chant du cygne.
Le 22 novembre, le Coq, qui a illustré les plus belles pages du sport français, a été placé en redressement judiciaire, avec un sursis de six mois pour se remplumer. Les pertes sont considérables : de janvier 2023 à juin 2024, il a perdu quelque 46 millions d’euros, malgré deux prêts de l’État dont les 22 millions se sont révélés trop volatils (la CGT se demande aujourd’hui où est passé l’argent…). Dans l’Aube, à Romilly-sur-Seine, où le Coq est élevé, 350 emplois sont menacés, des centaines d’emplois indirects impactés…
Parmi les créanciers qui lui volent dans les plumes, le Coq sportif doit combattre contre… le coq du XV de France, l’emblème de la FFR (Fédération française de rugby) ! La fédération réclame à l’équipementier 5,3 millions pour des litiges liés au contrat qui les a unis de 2018 à septembre 2024. À la FFR, des voix se sont élevées pour condamner ces poursuites judiciaires de basse-cour, estimant qu’une « fédération sportive délégataire de service public ne peut prendre le risque aussi infime soit-il de précipiter des centaines de familles de salariés dans la précarité en liquidant une société française exemplaire à bien des égards comme Le Coq sportif ».
Mais Florian Grill, président de la FFR réélu le 19 octobre, est resté ferme. On sait aujourd’hui pourquoi. Le 7 décembre, la FFR a présenté ses comptes. Ils ne sont pas fameux. Lors de la Coupe du monde de rugby organisée en 2023 en France, la FFR a perdu environ 20 millions, en tant qu’actionnaire d’un « GIE hospitalités et voyages » : destiné à exploiter le tourisme sportif, ce groupement d’intérêt économique n’a pas fait recette. Il s’agit donc de renflouer les caisses. Florian Grill ne le cache plus : « C’est de ma responsabilité de président de la fédération de faire rentrer les sous. »
Pauvre France dont les coqs, pour ne pas passer à la casserole, recherchent désespérément une poule aux œufs d’or.