Une seule solution : la dissolution !


Une seule solution : la dissolution !

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Il y a trois ans, Jean-Luc Mélenchon a commis un opuscule intitulé Qu’ils s’en aillent tous !. Le message a été reçu au-delà de ses espérances par les électeurs, incluant au passage Jean-Luc et ses amis du Front de gauche, emportés par le tourbillon du mécontentement général. On peut gager que le vote FN et l’abstention antisystème qui se sont invités aux municipales vont se trouver démultipliés lors des élections au Parlement européen du 25 mai. Comme ce scrutin est traditionnellement marqué par une forte abstention, par la dispersion des listes, à gauche comme à droite, et par sa fonction de défouloir, on peut se risquer à en prévoir l’issue. Le Front national sera, cette fois, le premier parti de France, devant l’UMP privée de l’appoint de l’UDI, et un PS démonétisé. Les Verts, l’autre parti antisystème qui défend un changement radical de paradigme de civilisation, devraient confirmer leur percée des municipales et faire oublier leur contre-performance à l’élection présidentielle de 2012.

EELV aura certainement évité au PS un Fukushima électoral lors du deuxième tour des municipales, notamment dans des villes-symboles comme Paris et Lyon. Comme rien n’est gratuit, les amis de Cécile Duflot feront payer très cher à leurs alliés socialistes le bras secourable généreusement offert : l’idéologie de la décroissance plus ou moins ouvertement assumée viendra entraver encore plus les efforts des socialistes raisonnables, style Valls ou Montebourg, visant à remettre le pays sur les rails de la réindustrialisation et de la modernisation structurelle pour faire face aux défis de la mondialisation. François Hollande est donc dans la seringue, contraint, malgré lui, d’appliquer la stratégie d’alliance historique avec les écolos défendue par Martine Aubry quand elle était secrétaire nationale du PS. Et ce n’est pas un remaniement, même avec la nomination d’un nouveau premier ministre, qui changera la donne.

Alors, que faire ?[access capability= »lire_inedits »] Laisser passer l’orage en espérant que la conjoncture internationale et la mise en oeuvre du « Pacte de responsabilité » redonnent des couleurs à notre économie et de l’espoir aux Français ? Cela s’accorderait très bien avec la psychologie d’un président disciple d’Henri Queuille[1. Homme politique corrézien de la IIIe et de la Ive République, auteur de la fameuse formule : « Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse pas venir à bout. »], mais c’est un pari risqué, très risqué, sur un avenir pour le moins incertain. Que la reprise se fasse attendre, et le calme apparent de la rue pourrait bien se muer en l’une de ces révoltes éruptives dont l’histoire de France est parsemée…

L’autre option est plus radicale, mais provoquerait cet « orage désiré » dans les profondeurs de la nation : la dissolution de l’Assemblée nationale, suivie de nouvelles élections législatives qui ramèneraient la droite républicaine au gouvernement et permettraient à la gauche, en sortant des ambiguïtés dont elle pâtit aujourd’hui, de retrouver le chemin d’un peuple dont ses dirigeants et ses élus se sont fâcheusement coupés. Il lui faudra alors choisir entre les sirènes des écologistes et la reconquête d’un centre poussé vers la droite par le radicalisme des Khmers verts et des nostalgiques du « socialisme réellement existant », version Chavez ou Castro.

Si l’on s’en réfère aux précédents Mitterrand et Chirac, l’épreuve de la cohabitation est plus usante pour les premiers ministres que pour les présidents de la Ve République, et Jean-François Copé, à qui reviendrait sans doute, alors, la lourde charge de Matignon, ne ferait probablement pas mentir cette règle. Les piques demandant  une tête, celle du maire de Meaux ferait très bien l’affaire. Mais cessons de broder : pour que François Hollande emprunte la voie de l’audace, il faudrait qu’il ait le sens du tragique de l’Histoire et une certaine idée de la France. Ce n’est pas gagné.[/access]

*Photo :  CHESNOT/SIPA. 00638320_000014.

Avril 2014 #12

Article extrait du Magazine Causeur



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