La chasse au Guaino est ouverte à l’UMP. C’est celui que toute la presse parisienne considère, à grands renforts de sondages, comme la personnalité sage et consensuelle qu’il faut à la France, qui a dégainé le premier dimanche soir, conseillant virilement à l’ancien conseiller spécial du Président Sarkozy de « tirer toutes les conséquences » de son désaccord sur l’Europe, invoquant la dignité, rien que ça. L’intention, maintes fois réitérée d’Henri Guaino de ne pas voter pour la liste d’Alain Lamassoure aux prochaines élections européennes, choque l’ancien secrétaire général du RPR, dont nous avions rappelé dans ces colonnes qu’il ne badine pas avec la discipline de parti… à condition qu’elle ne le concerne pas lui-même, a d’ailleurs rappelé le député des Yvelines, faisant écho au soutien apporté par le maire de Bordeaux à François Bayrou lorsqu’un candidat était encore investi par l’UMP à la municipale de Pau. Lundi matin, le président de l’UMP lui-même a soutenu la position de Juppé, en bon élève de l’ex-clan Chirac.
Mais, assistant à ces bisbilles, nous nous sommes souvenus des termes de la lettre de démission de la présidence du RPR de feu Philippe Séguin, le 16 avril 1999 : « Lorsque le Président de l’Association des Amis de Jacques Chirac (NDLR : il s’agissait de Bernard Pons) peut, sans être démenti, proclamer que voter pour la liste Séguin-Madelin ou pour la liste Pasqua-Villiers, marque une même volonté d’adhérer à la majorité présidentielle, lorsque le même fait publiquement la promotion de la liste fédéraliste, avant que le chef de l’Etat, quelques heures plus tard, ne reçoive son animateur, il est clair que je n’ai plus rien à faire à la présidence du Rassemblement pour la République ni, a fortiori, à la tête d’une liste européenne censée défendre la politique du Président de la République. »
À l’époque, on n’avait pas entendu Alain Juppé et Jean-François Copé condamner les propos de Bernard Pons. Il faut dire que c’était l’occasion idéale de flinguer l’ennemi Séguin. La bonne cause, quoi…
En solidarité avec Henri Guaino, je demande solennellement mon exclusion rétroactive du RPR pour avoir voté pour la liste MDC aux européennes de 1994. Bon, c’est vrai, le RPR n’existe plus et j’en avais démissionné en octobre 1998. Mais Juppé n’est pas à ça près, non ?
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