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Prestations sociales: l’omerta

L'association "Contribuables Associés" diffuse un nouveau documentaire choc


Prestations sociales: l’omerta
Benoît Perrin © D.R.

Tabou parmi les tabous en France, le système de protection sociale n’est jamais examiné à la loupe. La nouvelle vidéo évènement des Contribuables associés explique comment des milliards sont engloutis dans le brouillard opaque d’un carcan bureaucratique devenu si tentaculaire que plus aucun responsable politique n’ose l’affronter…


Les derniers chiffres sont là[1] : Les dépenses de protection sociale ont atteint en France 888 milliards d’euros en 2023, soit 31,5 % du PIB. Si on rapporte cela à la dépense publique, on constate que sur 1 000 € de dépenses publiques, 562 € constituent désormais des prestations sociales.

Démographie inquiétante

Mais foin de tous ces chiffres et regardons au-delà. Notre protection sociale, autrefois enviée, est devenue un gouffre financier qui ne fait plus recette, c’est le cas de le dire. À cela diverses raisons qui touchent toutes les branches de notre régime social. Une des premières causes est bien entendu le vieillissement de la population. Celui-ci touche à la fois la branche maladie puisque les dépenses de santé augmentent proportionnellement avec l’âge, et la branche retraite puisqu’avec l’allongement de la durée de la vie et la baisse des naissances, les personnes à la retraite sont plus nombreuses à la fois en valeur absolue et en valeur relative par rapport aux actifs cotisants. A la création de notre régime de retraite par répartition, il existait plus de cinq actifs, pour un retraité. Aujourd’hui, il reste 1,4 cotisant pour un retraité. Une remise en cause du système s’impose donc.

Mais les origines de la faillite qui se profile sont parfois plus complexes. Elles sont parfois idéologiques mais aussi psychologiques. Ainsi, le chômage chronique qui sévit en France depuis plus de 40 ans a entraîné une explosion du système d’aides sociales. Pour des raisons où la politique rejoint l’idéologie, il s’est agi d’éviter la misère à tout prix pour les personnes confrontées au chômage de longue durée. Il en est malheureusement sorti des mécanismes pervers d’allocations et de prestations d’un niveau tel que le citoyen peut aujourd’hui être dissuadé de reprendre le travail. Ainsi en témoigne le fait que nombre de postes de travail ne sont actuellement pas pourvus alors que les chômeurs se comptent par millions.

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Ce n’est pas là le seul paradoxe d’un modèle social à bout de souffle. Si le déficit public ne cesse de croître, notamment à cause d’un montant de dépenses sociales toujours plus fort, la qualité de nos services sociaux se dégrade pourtant toujours plus. Qui n’a pas attendu plusieurs heures aux urgences ou plusieurs mois un rendez-vous chez le spécialiste ? Or, les prélèvements obligatoires ne baissent pas et les dépenses sociales non plus puisqu’elles ont même doublé en 20 ans.

Une révolution copernicienne de la protection sociale à la française s’impose donc. En commençant par un changement des mentalités. Alors que la lutte contre la fraude fiscale est une évidence pour tous, certains montrent une indulgence coupable envers la fraude sociale, comme si celle-ci n’était pas aussi grave et ne pénalisait pas autant les citoyens. Car, à la fin, ce sont toujours les honnêtes gens qui payent pour les fraudeurs. Selon le Haut Conseil du Financement de la Protection Sociale, la fraude aux prestations sociales a représenté près de 16 milliards d’euros en 2024, dont moins de 3 milliards d’euros ont été récupérés ou bloqués, soit un manque à gagner de plus de 13 milliards.

De même, le maquis des prestations sociales ne doit plus être source d’inégalités sociales. Là où certains se transforment en chasseurs de primes et vivent de la générosité publique, d’autres n’ont rien parce que le travail ne rapporte plus.

Appauvrissement généralisé

La complexité du système entretient lui-même sa propre gabegie. Il crée des dépenses de fonctionnement là où il faudrait de l’investissement. Or, n’importe quel ménage sérieux sait que là où le fonctionnement excède l’investissement, l’appauvrissement devient inéluctable. Une simplification s’impose donc. La complexité a conduit à l’augmentation sans fin des dépenses et en même temps à une dégradation patente de la qualité des soins et services. On peut alors légitimement penser qu’un retour à la simplicité amènera une réduction de la dépense, cette fois-ci sans dégradation du système. Cela passerait par exemple par plus de personnel dans les hôpitaux pour soigner et moins pour gérer, ou plus de personnel dans les écoles pour instruire et moins pour théoriser. Il s’agit aussi d’adapter dans le temps la protection à nos moyens. Si les futurs retraités ne sont plus assez nombreux pour financer les pensions des retraités actuels, il faut penser à capitaliser là où on ne peut plus répartir. Le travail, qui est seul créateur de richesses, doit redevenir une source de revenus pour celui qui l’accomplit et non pour celui qui en profite.

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Enfin, si la communauté dépense 100 euros pour se couvrir, elle ne doit pas en dépenser plus de 100 au moment d’actionner cette couverture. Quand l’État intervient comme il le fait aujourd’hui pour combler l’écart, il le fait forcément payer à quelqu’un. Et comme lui-même, malgré un taux prohibitif de prélèvements obligatoires, arrive à peine à récolter 80 lorsqu’il dépense 100, ce seront forcément nos enfants et nos petits-enfants qui paieront un jour. Est-ce cela que nous voulons ?

Si vous voulez, vous aussi, lever le tabou sur l’état de notre protection sociale, nous vous invitons à regarder le documentaire de Contribuables Associés sur le sujet «  Enquête sur une omerta française »…

Retrouvez les interventions d’Olivier Babeau, Jean-Pascal Beaufret, Frédéric Bizard, Jean-Marc Daniel, Jérôme Fourquet, Nathalie Goulet ou encore Pascal Perri dans ce documentaire consacré à la protection sociale.


[1] Publiés par la DREES le 23 décembre 2024.



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Directeur général de Contribuables Associés

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