François Hollande misait dessus pour sauver les vieux et les jeunes, c’est-à-dire les tranches de la population les plus touchées par le chômage. Il en avait même fait un engagement de campagne. Rappelez-vous, c’était la piste numéro 33 : « Je proposerai un contrat de génération pour permettre l’embauche par les entreprises, en contrat à durée indéterminée, de jeunes, accompagnés par un salarié plus expérimenté, qui sera ainsi maintenu dans l’emploi jusqu’à son départ à la retraite. Ce « tutorat » permettra de préserver des savoir-faire et d’intégrer durablement les jeunes dans la vie professionnelle. » À sa sortie, le hit avait bien fonctionné. À l’heure des comptes, le bilan est déplorable.
Le 20 septembre, soit deux ans et demi après sa création, seulement 51.768 contrats ont été signés contre les 75.000 annoncés pour une seule année. Pire encore, les jeunes qui ont signé un CDI avec le contrat de génération auraient « de toute manière été embauchés » pointe Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. Conclusion : « On subventionne des emplois qui auraient été créés », avec l’argent du contribuable. Pour sa défense, le ministère du travail préfère couler son propre navire : « On n’a jamais imaginé qu’avec une aide de 4.000 euros par an, on allait créer de nouveaux postes que les employeurs n’auraient pas créés sans l’aide. »
L’engagement 33 n’a donc rien à voir avec la stabilisation des chiffres du chômage chez les jeunes. La preuve, avec le fonctionnement du tutorat jeune-senior, la courbe des chômeurs de plus de 60 ans auraient dû s’aligner sur celle des jeunes or elle n’a pas cessé de grimper (entre 28% selon l’Insee et 45% selon Pôle emploi). Au cabinet de Myriam El Khomri, on arrive quand même à s’enthousiasmer : « Cela a permis de mettre en place, dans les entreprises, une réflexion sur la gestion des âges, la gestion prévisionnelle des emplois et compétences, les conditions de travail des seniors. » À défaut de faire embaucher les entreprises, la mesure a permis de les faire cogiter, youpi !
L’argumentation serait complétement bidon si elle ne permettait pas, en douce, de rediriger le curseur de la responsabilité sur les entreprises « qui n’embauchent pas assez ». Ah, qu’est-ce que la gauche ferait sans elles ?
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