Il est possible de ne pas être opposé à l’avortement, et de ne pas voir dans sa constitutionnalisation une formidable « première mondiale », comme la quasi-totalité de notre classe politique et des médias. Notre chroniqueur dénonce cette pensée obligée sacralisée, et observe que ce vote rompt de plus ce qui restait du lien millénaire entre la France et le christianisme…
La France des Lumières s’obscurcit.
Les libertés s’éteignent, telles des lampions, les unes après les autres. La chute s’accélère depuis sept ans, avec l’assentiment hébété du monde politico-médiatique.
Don Quichotte au pays du droit des femmes
Ainsi, ce lundi, les parlementaires réunis à Versailles en Congrès ont confirmé l’inscription de l’IVG dans la Constitution, vœu initial de… LFI. Le gouvernement se flatte de cette « première mondiale ». Elle inscrira dans le marbre « la liberté garantie à la femme » d’avoir recours à l’avortement. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, ému, parle de « vertige de l’Histoire »1. Or ce droit sacralisé était déjà acquis, et nullement remis en question.
En revanche, sa prépondérance s’imposera aux autres libertés qui permettaient aux religieux de critiquer cet acte et à des médecins et auxiliaires de santé de se prévaloir de leur clause de conscience. Demain, la pensée alternative sera pénalisable. Le pouvoir se prévaut des sondages. Mais Chamfort avait prévenu : « Il est à parier que toute idée publique, toute convention reçue, est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre ». Ce vote liberticide rompt ce qui restait du lien millénaire entre la France et le christianisme, fort de ses délicatesses humaines. Lui succède la soumission au dogme progressiste et à ses brutalités consuméristes. Cette « avancée » s’ajoute à celle des députés qui, le 14 février, ont réintroduit dans la loi anti-secte un article 4 destiné, de l’aveu d’Oliver Véran, à faire taire des oppositions sanitaires comme celle du professeur Didier Raoult. La macronie persiste à limiter les libertés d’expression, au nom de la lutte contre une indéfinissable « haine » et d’un « progrès » déshumanisé.
Régressions
Même la révolte est désormais suspecte. Un monde de délation, de surveillance collective et d’intolérance pour les opinions non agréées s’est substitué à la France impertinente. Voltaire n’est plus qu’une ombre qui s’estompe. La démocratie s’emplit de vide. L’antisémitisme islamique, lui, a quartier libre et agresse des Juifs dans les rues. Ce lundi, Libération s’interroge : « Faut-il aller débattre chez les réacs ? », en pointant l’émission d’Alain Finkielkraut (Répliques) et CNews. L’offensive puritaine rajoute à l’oppression quand les néo-féministes débordent du juste combat contre les soixante-huitards pédophiles et sexistes pour ériger un tribunal populaire des bonnes mœurs. Jeudi, c’est également un procès de Moscou qui s’est tenu en commission parlementaire, cette fois contre les représentants de la chaîne de Vincent Bolloré, coupable de son succès. Les députés LFI Aurélien Saintoul et Aymeric Caron s’y sont comportés, par leur agressivité et leur mépris, en descendants fanatiques des Comités de salut public sous la Terreur. Saintoul a été jusqu’à reprendre une fausse accusation contre votre serviteur, m’accusant d’avoir avalisé le discours nazi dans une émission de Pascal Praud (voir les liens ici, et là, par exemple). Hier après-midi, chez Louis XIV, le Congrès a bétonné la pensée obligée. L’histoire politique régresse.