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Considération policière

Il n’est pas question de réclamer une justice d’exception mais une considération d’exception


Considération policière
Gérald Darmanin, Laurent Nunez et Frédéric Veaux, réunion avec Unité SGP police-FO, Evry-Courcouronnes, 27 juin 2023 © STEFANO RELLANDINI-POOL/SIPA

Détention provisoire du policier marseillais: est-il politiquement et moralement légitime d’accorder le même degré de considération et d’appliquer le même traitement à celui qui consacre sa vie à combattre le crime et à celui qui la consacre, sa vie, justement à le commettre, le crime?


Monsieur le président de la République, Madame la Première ministre et un certain nombre d’élus l’ont dit et redit : Nul n’est au-dessus des lois. Si ce sont ces gens-là qui le disent, on peut les croire ! Ils savent mieux que quiconque ce dont il s’agit. La longue histoire de nos hommes politiques français n’est-elle pas là pour attester que jamais – au grand jamais ! – aucun d’entre eux ne s’est permis de se considérer, ne serait-ce qu’un instant, au-dessus des lois ? (On me pardonnera, je l’espère, cette facile ironie).

Les uns et les autres s’exprimaient en réaction à la contestation surgie au plus haut niveau de la police suite à la mise en détention provisoire d’un de ses fonctionnaires marseillais. On connaît les circonstances qui ont amené l’instance judiciaire à décider cette incarcération. N’y revenons pas.

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Bien entendu, personne de sensé ne songerait à contester ce principe d’égalité de tous devant la loi. En réponse à tel délit ou tel crime, les sanctions encourues doivent être identiques quel que soit le justiciable concerné. Il revient au juge de trancher dans le barème des peines et amendes prévues. C’est la règle et, encore une fois, nul ne peut sérieusement la remettre en cause, du moins dans une démocratie digne de ce nom. Donc, qu’on soit policier, gendarme ou citoyen du tout venant, personne, effectivement, ne saurait se situer au-dessus des lois lorsqu’il arrive devant le tribunal. Répétons-le inlassablement, il est absolument hors de question de discuter si peu que ce soit ce sain principe. Mais avant le moment judiciaire capital qu’est l’audience, où les faits commis, les tenants et aboutissants sont exposés, débattus et finalement jugés, divers dispositifs de procédure sont à la disposition de la justice quant au sort réservé au mis en cause. Dont la fameuse détention provisoire, nœud de discorde dans l’affaire évoquée plus haut. Et c’est alors qu’une question – jusqu’alors étrangement négligée – devrait intervenir : est-il politiquement et moralement légitime d’accorder le même degré de considération et d’appliquer le même traitement à celui qui consacre sa vie à combattre le crime et à celui qui la consacre, sa vie, justement à le commettre, le crime ? C’est pourtant ce à quoi nous assistons en l’occurrence. Il me semble qu’il serait souhaitable – et urgent – que le président et la Première ministre, qui n’ont pas manqué de clamer bien haut leur total soutien aux policiers, se prononcent sur ce point. Il est grand temps en effet que le pouvoir ait enfin le courage politique d’affirmer en paroles et de montrer en actes que risquer sa vie à lutter contre la criminalité et maintenir l’ordre mérite, non pas une justice d’exception, mais tout bonnement une considération d’exception. Et, conséquemment, quelques dispositifs et aménagements de procédure spécifiques. À part les bandes de racailles et l’inévitable cohorte d’égarés nupésiens, je ne pense pas que le peuple de France y trouverait à redire. Je crois même qu’il applaudirait. Les policiers et les gendarmes aussi, c’est certain. Ils n’en ont pas beaucoup l’occasion ces temps-ci. Ce serait déjà cela, non ?

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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