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Tu veux ou tu veux pas?

Consentement: une terrifiante volonté de normalisation de l’intime


Tu veux ou tu veux pas?
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Emmanuel Macron veut inscrire la notion de consentement dans la définition juridique du viol. Une fausse bonne idée.


Bien sûr, ce n’est pas fait. Mais le président a évoqué cette possibilité avec l’association féministe Choisir la cause des femmes, le 8 mars : « Que le consentement puisse être inscrit dans le droit français, je l’entends tout à fait ».

Aujourd’hui, voici la définition du viol telle qu’elle apparait dans le Code pénal : « Tout acte de pénétration sexuelle, ou bucco-génitale commis par violence, contrainte, menace ou surprise ». Pour les ligues de vertu féministes, c’est évidemment insuffisant. Elles veulent que la France imite l’Espagne et la Suède, pays où tout acte sexuel non précédé d’un accord explicite est considéré comme un viol.

Une abomination juridique

De mon point de vue, il s’agit d’une abomination juridique. C’est mettre une épée de Damoclès sur la tête des hommes. On pourra toujours revenir sur ce consentement, dire qu’il n’était pas vraiment éclairé. J’ai dit oui, mais j’avais bu. J’ai dit oui, mais j’étais sous « emprise ». Cela donne aux femmes la possibilité de requalifier en viol n’importe quelle relation. Donna e mobile.

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Cette conception des femmes victimisées les fragilise. Les pauvres malheureuses se retrouvent avec un homme sans l’avoir choisi, et cèdent sans l’avoir voulu. Attention : cela arrive. Dans l’acception classique du viol, un type qui force une femme (l’inverse est plus rare), cela existe. Mais avec ce consentement réversible, une femme qui fait l’amour avec son mari parce qu’il insiste un peu pourra déclarer le lendemain qu’il l’a violée – surtout si elle veut la garde des enfants.

Vers la fin du marivaudage

Mais il faut bien des règles ! dit-on. Oui, mais ces règles existent. Violence, contrainte, menace ou surprise. Et en plus, en dehors de ces cas, ce qui n’est pas refusé est autorisé. Quand une femme dit non, c’est non! Tant pis pour celles qui disent non en pensant oui, ça c’était avant, quand on pouvait marivauder…

L’exigence du consentement explicite élimine l’ambiguïté consubstantielle aux relations humaines, particulièrement sexuelles. Croyez-vous franchement que toutes les femmes veulent exprimer clairement leurs désirs avant de faire l’amour ? Que les timides ou les complexés demanderont à leur dulcinée: « la pénétration, c’est OK, peux-tu signer là ? » Il est en réalité effrayant d’imaginer ce que cette exigence de consentement peut donner dans la vie réelle.

Derrière cette demande d’extension infinie du domaine du viol, il y a une terrifiante volonté de normalisation de l’intime. Exiger un consentement explicite avant tout acte sexuel, c’est laisser le législateur entrer dans les alcôves, s’immiscer dans le jeu tortueux des sentiments et des désirs.

La loi établit déjà ce qui est interdit. Elle n’a pas à ériger des règles positives sur notre comportement privé. Nous n’avons pas besoin d’un Code de la séduction.

Avec le projet d’aide à mourir, l’Etat déjà prétend domestiquer Thanatos, alors pitié qu’il nous laisse nous débrouiller avec Eros.


Cette chronique a d’abord été diffusée dans la matinale de Patrick Roger sur Sud Radio




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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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