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Le Conseil d’État, l’atout juridique des islamistes

Le rapporteur public est favorable au port du hijab dans les compétitions de football


Le Conseil d’État, l’atout juridique des islamistes
Les militantes islamistes en faveur du voile dans le foot, devant le Sénat, janvier 2022. Image: capture d'écran YOUTUBE / Le Parisien.

Le Conseil d’État pourrait se prononcer en faveur de l’autorisation du voile dans les compétitions de football. Le collectif militant des « hidjabeuses » demande un changement des règles et à pouvoir revêtir le voile islamique durant les matchs organisés par la FFF, qui s’y oppose. Céline Pina dénonce un accommodement absolument déraisonnable et une grave menace sur notre contrat social et la laïcité.


Constant et fidèle, le Conseil d’État est un allié sur lesquels les islamistes peuvent compter depuis 1989 et l’affaire du foulard de Creil. Quand il faut faire triompher le dogme sur la loi, à condition qu’il s’agisse de l’islam bien sûr, le Conseil d’État est le vecteur idéal pour dynamiter de l’intérieur notre ordre juridique. Il le fait au nom d’une idéologie de la tolérance qui au final renforce et conforte ceux qui utilisent le droit contre la justice et la norme contre l’esprit de notre contrat social. Il fait ainsi primer la loi de Dieu sur celle des hommes, ce qui est le rêve de l’islam politique. Il l’avait déjà fait en 1989 en autorisant le voile islamique à l’école alors que ce voile est un signe à la symbolique claire : il est la marque de l’infériorité en droit de la femme et de son impureté consubstantielle. Il vient de le réaffirmer par la voix de son rapporteur général qui valide l’emploi d’un symbole sexiste sur les terrains de sport, donc le port du voile dans les compétitions sportives. Le Conseil d’État s’apprête encore une fois à donner le pas à un signe sexiste sur une des valeurs fondamentales constitutive de notre société politique : l’égalité entre les hommes à raison de leur dignité commune et bien sûr, celles qui voient leur égalité invalidée symboliquement sont les femmes.


Macron pas au clair sur la question

Ce sacrifice de l’intérêt général à l’idéologie porte un nom, Julien Benda l’avait appelé en son temps « la trahison des clercs » ; aujourd’hui ce type d’attitude nourrit un rejet des élites dont celles-ci sont en grande partie responsables. Le Conseil d’État en est une des illustrations. Il montre aussi les ambiguïtés du pouvoir macroniste : incapable de tenir une ligne ferme, il tente de donner des gages tous azimuts, rendant illisible son positionnement politique et impossible toute vision de l’avenir. En effet, la nomination de Thierry Tuot à la tête de la section de l’Intérieur du Conseil d’État a été vue comme la consécration d’une orientation multiculturaliste au sein de la vieille institution. Une manière de déconsidérer le républicanisme et son lien avec la nation, pour consacrer l’idée d’un territoire sans identité propre, au sein duquel chaque communauté (fondée sur l’ethnie, la couleur de peau ou la religion) exercerait sa tutelle sur ses membres. Un seul territoire, plusieurs lois et aucune culture commune, juste la mise en concurrence de groupes antagonistes, voilà ce que porte l’idéal multiculturaliste. Cette régression féodale où l’allégeance au groupe remplace l’exigence citoyenne de dépassement de ses particularismes pour aller vers le commun, a été défendue par Thierry Tuot dans son rapport sur la société inclusive.

A lire aussi, du même auteur: En Iran, le «World Hijab day», c’est tous les jours!

Pour lui la France n’a aucune consistance, pas de culture, ni d’héritage, encore moins d’identité : « notre culture est celle que nous élaborons, pas un stock fini de cathédrales et de musées où périclite une identité nationale passée sans présent ni avenir ». Pire, même nos principes et idéaux ne sont passibles que de moqueries : « Encore plus périphérique et stratosphérique même, l’invocation rituelle, chamanique, des grands concepts et valeurs suprêmes. Empilons sans crainte, ni du ridicule, ni de l’anachronisme – les majuscules les plus sonores, clinquantes et rutilantes : Droits et devoirs ! Citoyenneté ! Histoire ! Œuvre ! Civilisation française ! Patrie ! Identité ! France – On se retient pour ne point paraitre nihiliste : dans quel monde faut-il vivre, pour croire un instant opérante, la frénétique invocation du drapeau ? Depuis quand Déroulède a-t-il résolu un seul problème social ? ».

Pour le président de section du Conseil d’État, les principes républicains relèvent de l’escroquerie

Les principes républicains sont assimilés à une vaste escroquerie et à une dérive fascisante puisque la référence à Déroulède vise à les assimiler à la pensée d’un homme considéré comme un précurseur du fascisme.

D.R.

Dans ce même rapport, l’homme nie les dangers de l’islamisme et fait un parallèle entre islamisme et « laïcisme » ; il nie la dimension sexiste du voile et se fait l’un des chantres de l’idée d’une persécution des musulmans sur notre sol. Bref l’homme coche toutes les cases de l’allié objectif de l’islam politique et a un discours conforme en tout point à la propagande des Frères musulmans à destination des élites européennes. Qu’il soit sous influence en pleine conscience ou à son insu importe peu, à la place qu’il occupe son pouvoir de nuisance est maximal pour la République et très utile pour les acteurs de l’islam politique. Que l’instance qui conseille le gouvernement et juge en appel les recours contentieux soit sous l’influence marquée d’une idéologie violente, totalitaire et obscurantiste contraire à nos principes et idéaux universalistes n’est pas sans conséquence. Cela a déjà abouti à ce que l’on mette en avant la liberté religieuse au détriment de l’égalité homme / femme lorsqu’il a fallu réagir face à l’offensive islamiste visant à imposer le voile à l’école. Cela recommence face à l’offensive islamiste visant à imposer le voile sur les terrains de sport. Toujours fidèle au poste pour tenir la porte des accommodements déraisonnables : le Conseil d’État.

Décision attendue en juillet

Certes la décision finale n’est pas rendue, mais la tradition (il est très rare que le rapporteur soit désavoué), l’histoire (la décision de 1989 autorisant le port du voile et justifiant ainsi le refus de combattre l’imposition d’un signe religieux et sexiste au sein de l’école laïque) et l’orientation que donne la nomination de quelqu’un comme Thierry Tuot, tout permet de craindre le pire. Pas la peine d’admirer les femmes iraniennes et d’en faire des tonnes sur #MeToo quand dans la réalité on renonce à combattre la base du sexisme et des violences faites aux femmes, le refus de leur accorder l’égalité, un refus que le voile symbolise et dont il fait une des bases sociales de certains systèmes politiques.

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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