Avant que l’année 2023 ne prenne fin, revisitons une des histoires qui ont marqué l’actualité: l’antisémitisme de Médine, invité aux journées d’été d’EELV. C’est un fait, les rappeurs ont souvent tendance à déraper. Même si ce n’est pas forcément bon pour le business, cela ne dérange pas leur auditoire ni certains partis politiques…
EELV aurait dû savoir que, pour un parti ou une entreprise, s’associer à un rappeur à des fins politiques ou commerciales est risqué. Certes, tout le rap n’est pas antisémite, loin de là, mais la persistance de cette forme de racisme dans le milieu hip-hop, quel que soit le pays, est inquiétante. Qu’il s’agisse de paroles de chansons ou de messages postés sur des comptes Twitter ou Instagram suivis chacun par des centaines de milliers d’internautes, certaines vedettes osent tout : insultes antisémites, théories du complot, admiration d’Hitler, négationnisme, théorie selon laquelle les Noirs sont les « vrais » juifs…
L’année dernière, une série de tweets de l’Américain Kanye West, connu désormais sous le nom de Ye, lui ont coûté des partenariats lucratifs avec Adidas, Balenciaga et Gap, ainsi que son statut de milliardaire. En 2020, un autre Américain, Nick Cannon, a été viré par le géant des médias ViacomCBS après un podcast, et l’Anglais Wiley a connu un sort similaire après une rafale de posts délirants sur les réseaux sociaux. Toujours outre-Atlantique, un tollé indigné a accueilli des rafales comparables par Ice Cube et Jay Electronica. Ce dernier a sorti un album comportant des paroles antisémites et la voix de Louis Farrakhan, le fondateur de la Nation de l’islam.
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En France, Freeze Corleone a été lâché par Universal Music à cause de ses paroles, et une autre entreprise, BMG, a dû annuler un accord de 2021 avec lui pour une raison similaire. La même firme a dû faire face à une tempête médiatique en Allemagne en 2018, quand le duo Kollegah et Farid Bang a gagné le prix du meilleur album hip-hop malgré des références insupportables à la Shoah. Des cas similaires ont été repérés en Belgique, aux Pays-Bas et en Norvège. L’histoire de l’antisémitisme dans le rap remonte à la fin des années 1980 et au groupe Public Enemy. Médine peut au moins se consoler en pensant qu’il fait partie d’une longue tradition et que leurs dérapages n’ont jamais entamé la popularité de ces artistes.