MM. Wauquiez et Bertrand ont annoncé qu’ils ne convoitaient plus la direction du parti. Lors du congrès qui désignera les 3 et 4 décembre le nouveau président de LR, il faut que tout le monde ait sa chance et que ceux qui ont mené leur famille politique dans l’impasse laissent leur place, estime notre chroniqueur.
Il ne se passe pas de jour sans que LR soit confronté à l’alternative d’avoir enfin un vrai chef ou de disparaître. « Après la déroute, LR cherche un chef pour se reconstruire » titre Marion Mourgue en une du Figaro. Ce que Bruno Retailleau exprime à sa façon : « Je ne me résigne pas à voir LR enchaîner les défaites et continuer à se rétrécir sans ligne claire ». Aux dernières nouvelles, il envisagerait d’être candidat en novembre.
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D’abord j’ai toujours considéré que sur les plans politique et médiatique, il y avait une sorte de sadisme à égrener régulièrement l’agonie de LR, ce qui en tout cas en faisait un malade de très longue durée. Certes je peux comprendre que le grave insuccès de la campagne présidentielle, avec des élections législatives qui ont un peu limité la casse, ait marqué les esprits et fait croire à la fin de ce parti qualifié rapidement de « droite républicaine ».
Le bal des ambitieux…
L’étrange réaction de Valérie Pécresse, après avoir respecté un court temps de latence, a surpris. Beaucoup y ont moins vu une résolution, une capacité à rebondir, qu’une inconscience sur les causes profondes de sa défaite, une envie narcissique de tenter de démontrer qu’elle n’avait pas été aussi médiocre que cela. Je ne crois pas que cette posture soit de nature à rassurer les militants qui restent. Le retour de Valérie Pécresse ne serait pas l’aurore espérée. Pas plus, probablement, que le « bal des ambitieux, à droite » (titre du Parisien), selon une appellation très réductrice et approximative. Laurent Wauquiez, un ambitieux qui a reculé à deux reprises devant l’obstacle. Eric Ciotti, un ambitieux qui a déjà fait une partie du chemin mais voudrait aller au bout.
Xavier Bertrand, un ambitieux que rien ne décourage et qui sans doute a tiré les leçons de son élimination lors du Congrès. Trop complexe pour ce qu’il souhaitait avoir de simple, pas assez limpide pour ce qu’il proposait de nouveau et d’élaboré. David Lisnard, un ambitieux subtil et intelligent sachant cacher ses desseins profonds sous une apparence cannoise et dont ceux qui l’apprécient se demandent quand il sortira de l’ambiguïté.
Dans la compétition officielle qui se déroulera au mois de novembre, face à Serge Grouard le maire d’Orléans, à Eric Ciotti candidat certain, il y aura probablement Aurélien Pradié dont le projet visera à combler l’espace que son concurrent Ciotti lui laissera – avec la prédominance que celui-ci a donnée au régalien et à la sécurité. Peut-être aussi Othman Nasrou, Philippe Juvin, François-Xavier Bellamy et Annie Genevard ?
… et la nouvelle garde. Et si c’était moi?
Ce n’est pas offenser les personnalités sûres d’en être que d’affirmer que leur réputation et leur notoriété ne sont pas un gage obligatoire de réussite pour l’avenir. Au contraire elles pourraient faire douter d’elles par principe car incarnant peu ou prou une histoire partisane qui n’a pas été brillante et c’est un euphémisme. Sous l’égide, trop longtemps, de Christian Jacob et l’emprise ayant enfin cessé du « parrain » Nicolas Sarkozy. Il y a clairement un vieux monde, pas forcément médiocre, mais qui n’est plus en mesure d’entraver ou d’interdire la manifestation d’autres ambitions. Celles-ci ont le mérite de surgir à la fois telle une condamnation d’hier et comme un espoir pour demain. Elles expriment en tout cas une irritation face à la dégradation de ce qui aurait pu demeurer un outil partisan performant. Elles se veulent la relève.
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Virginie Calmels, même si elle n’est pas novice en politique, a pris les devants et annoncé sa candidature dans Le Figaro. Sébastien Laye, entrepreneur et économiste, a suivi dans Causeur et se propose de redonner « une âme intellectuelle et idéologique à une droite en perte de repères ». D’autres sans doute, inspirés par ces exemples, se lanceront à leur tour dans la joute et il ne faudra surtout pas les tourner en dérision. Si je n’avais pas le sens du ridicule, j’aurais tenté ma chance, en adhérant le temps d’une candidature à LR, parce que j’aurais eu la faiblesse de considérer que depuis la campagne exceptionnelle de Nicolas Sarkozy, j’avais perçu les faiblesses de la droite classique et les raisons de son déclin. Autant une affaire d’incarnation que de réflexion. De manque de courage que de manque d’idées.
La morosité d’aujourd’hui est d’autant plus navrante que sur le plan parlementaire les députés LR, sous la direction intelligente, ni naïve ni caractérielle d’Olivier Marleix, ont très bien su tirer leur épingle du jeu. Il est fondamental qu’au mois de novembre tout le monde ait sa chance. LR ne peut plus se permettre de promouvoir un sommet discutable quand une base entreprenante, avec des élans de rénovation et des convictions claires, piaffe. On a le devoir de changer une équipe qui n’a pas gagné.