Une tribune libre de Thomas Zlowodzki, du collectif “Droite pour la France”
Nous y sommes presque. Le 4 décembre, Les Républicains (LR) auront enfin désigné leur candidat à la présidentielle. Si l’audience des débats n’aura guère dépassé le cercle – très restreint – des adhérents Les Républicains, les candidats de la droite républicaine auront évité de s’écharper trop vertement, du moins face aux caméras.
La bonne surprise de la campagne interne
La surprise de cette campagne interne vient incontestablement d’Eric Ciotti. Encore peu connu des militants, celui-ci aura enchainé les prestations convaincantes pour le cœur militant des Républicains, que ce soit lors des débats télévisés ou lors de ses réunions publiques.
Sans excès de lyrisme, Eric Ciotti, par sa clarté face à Emmanuel Macron, ses propositions et son attitude cohérente vis-à-vis d’Eric Zemmour, a marqué des points précieux, qui pourraient l’amener à accéder au second tour.
Eric Ciotti est le seul des cinq candidats au Congrès LR à avoir clairement exclu tout rapprochement avec Emmanuel Macron. Il avait été un des rares à s’opposer en CNI à l’investiture de Renaud Muselier. Ce dernier, qui avait menacé de quitter LR si Ciotti était élu, a décidé la semaine dernière de quitter les Républicains sans attendre le verdit du Congrès. Vu le flair politique de Muselier, il serait toutefois excessif d’en tirer une conclusion prémonitoire pour le résultat du vote…
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Plus fondamentalement, les propositions d’Eric Ciotti sont celles qui se rapprochent le plus de ce que souhaitent les militants Les Républicains, mais également de l’électorat de droite. Eric Ciotti s’inscrit ainsi dans la filiation du programme de François Fillon et de Bruno Retailleau, quand les autres ténors LR tournent le dos à ce programme qui avait suscité tant d’espoir au sein du peuple de droite lors des dernières présidentielles. La défense de l’autorité, de la liberté et de l’identité française figurent au cœur de son projet, tout comme la volonté d’une véritable rupture pour que la France reste la France.
Pas indifférent au discours d’Eric Zemmour
Enfin, le positionnement d’Eric Ciotti vis-à-vis d’Eric Zemmour témoigne donc de sa compréhension de l’intérêt que suscite la candidature de l’ancien journaliste : une appétence des Français pour un candidat qui affronte sans langue de bois les problèmes existentiels de notre vieux pays et le refus de se laisser dicter son discours par le politiquement correct de la gauche. Eric Ciotti semble être le seul à avoir compris qu’il était contreproductif, et même absurde, de prétendre que les valeurs des Républicains n’avaient rien à voir avec celles du chroniqueur vedette de Cnews… tout en reprenant 95% de ses analyses et de ses propositions.
Pour ces raisons, Eric Ciotti séduit de nombreux adhérents LR qui ne veulent pas de Xavier Bertrand ou de Valérie Pécresse. Des militants LR qui ne sont pas dupes et ne digèrent pas qu’après avoir claqué la porte du parti en raison d’une ligne soi-disant trop droitière de Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse en reprennent le discours, parfois même de façon plus outrancière. Des militants LR qui ont cru un moment à Michel Barnier, mais se rendent chaque jour davantage compte du manque d’épaisseur et de convictions de l’européiste de 40 ans devenu miraculeusement eurosceptique pour tenter de plaire à sa base électorale.
Mais pour les Républicains, le plus difficile reste à venir, au soir du second tour. Si Eric Ciotti est battu, ni Xavier Bertrand ni Valérie Pécresse ne pourront empêcher la majorité des électeurs proches des Républicains de se tourner vers Eric Zemmour, voire vers Marine Le Pen si l’ancien journaliste continue les fautes de carre. Eric Ciotti se retrouverait d’ailleurs en difficulté, car bien qu’il ait annoncé qu’il voterait Eric Zemmour plutôt que Macron, il paraît improbable que le député des Alpes-Martimes quitte les Républicains pour soutenir l’ancien chroniqueur de CNews. Si Eric Ciotti devait gagner ce Congrès, on peut parier sur le sabotage de sa campagne par les mêmes qui ont torpillé celle de François Fillon, sans attendre les affaires des costumes ou de Pénélope. Pourtant, la candidature d’Eric Ciotti est la seule qui puisse concurrencer la dynamique Zemmour et permettre aux Républicains d’accéder au second tour. La droite institutionnelle va-t-elle saborder la seule candidature en son sein capable de nous débarrasser d’Emmanuel Macron ? Réponse le 4 décembre au soir…
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