C’est parti ! Dans un clip à la mise en scène léchée, Arnaud Montebourg lance sa campagne en direction du peuple de gauche. Centrée sur la promotion de son livre Des idées et des rêves, la vidéo enchaîne les saynètes autour du candidat aux primaires socialistes. Au Parlement réuni en congrès à Versailles, au milieu d’agriculteurs charolais ou haranguant ses troupes, le partisan de la démondialisation tranquille s’en sort plutôt bien.
Sa nouvelle France, il la rêve à haute voix autour de quatre grandes priorités :
– un capitalisme coopératif mutualiste. A la sonorité toute proudhonienne, ce projet rappelle le bon vieux compromis fordiste des Trente glorieuses. Bref, l’époque dirigiste et ringarde où l’on se souciait moins de l’inflation que de la hausse des salaires. Dit comme ça, on signe volontiers.
– la mutation écologique de nos modes de consommation et de production. L’air de rien, la couleur verte ripoline adroitement une relocalisation massive de l’économie française. Finie les hérésies écologique et économique qui consiste à acheter des fruits marocains- en payant le prix du transport et de la conservation- pendant que nos petits cultivateurs croulent sous les dettes. Articuler le souci écologique au protectionnisme, voilà sans nul doute une piste à explorer. Espérons seulement que le Parti Socialiste ait le courage intellectuel de s’y atteler.
– l’instauration plébiscitaire d’une VIe République. Ici, j’avoue que l’enthousiasme laisse place au doute. Est-ce bien la resucée du projet esquissé avec Bastien François en 2005 ? Soit une parlementarisation de la Ve République qui rejouerait le vieux refrain du coup d’Etat permanent. A voir : avant de changer les institutions en place, encore faut-il les épouser pour pouvoir gagner. Montebourg, loin d’être un sot, a implicitement entériné cette doctrine en installant les primaires, une machine à présidentialiser en série !
– la coopération fraternelle entre les citoyens de la nation France. Ouf, on respire. A la différence de ses rivaux, Montebourg ne parle pas de « communautés ». Ni ne fait l’éloge du différentialisme. Il aime la France et le proclame haut et fort sans craindre les procès en sorcellerie.
Pas mal, n’est-ce pas ?
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