Élection présidentielle aux Comores : changeons le rapport de forces migratoire dans l’océan Indien !
S’ils sont actuellement contestés par l’opposition, les résultats du premier tour de la présidentielle des Comores du 14 janvier devraient confirmer la réélection d’Azali Assoumani pour un troisième mandat.
Le président comorien assume un chantage migratoire sur les autorités françaises en prenant en otage Mayotte, soumis à un chaos migratoire. À nouveau, un pays africain dictera la politique migratoire française ! Seulement, à Mayotte, qui est l’avant-garde des problèmes français, tout est démultiplié : perte de contrôle des frontières face aux vagues migratoires incontrôlées, ultra-violence et appauvrissement généralisé.
L’instabilité comorienne amplifiera le choc migratoire régional
Les Comores traverseront une crise politique avec la réélection d’Azali Assoumani. De nombreuses irrégularités électorales ont été observées lors des élections du 14 janvier : bourrages d’urnes et abus de pouvoir dénoncés par les oppositions et les observateurs internationaux. En 1999, ce Colonel avait mené un coup d’Etat pour se saisir du pouvoir une première fois avant d’être élu démocratiquement en 2002. Le 7 décembre 2023, il limoge la présidente de la section constitutionnelle et électorale de la Cour suprême Harimia Ahmed, chargée des contentieux relatifs aux élections. Cela s’inscrit dans un contexte de nombreuses arrestations politiques arbitraires et autoritaires et fraudes électorales répétées aux scrutins locaux.
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La réélection d’Azali Assoumani amplifiera le choc migratoire régional. D’une part, le président actuel ne résoudra pas les problèmes économiques des Comores. En effet, le taux d’inflation des Comores atteint 12,5% en 2023 selon la Banque Africaine de Développement, contre 4,5% à Mayotte selon l’Insee. D’autre part, les divisions politiques ne permettront pas aux Comores de résoudre leurs problèmes, notamment constitutionnels. En effet, la suppression de la limite à deux mandats en 2018 a plongé le pays dans un état de crise politique permanent. Ces deux paramètres pousseront toujours plus de Comoriens à migrer vers Mayotte. D’autant plus qu’Azali Assoumani entretient un chantage migratoire avec Emmanuel Macron. L’accord de coopération migratoire de 2019 contre une aide au développement de 150 millions d’euros a été unilatéralement interrompu par les Comores pendant six mois en 2020 puisque le président comorien affirme que les Comoriens en situation irrégulière à Mayotte y sont chez eux.
Mayotte est l’avant-garde française du chaos migratoire
Mayotte subit le chaos migratoire depuis plusieurs décennies. En effet, le 101ème département français est sous une “pression migratoire élevée” selon un rapport de la Cour des Comptes sur l’immigration irrégulière, publié le 5 janvier. Les chiffres sont sans appel. Pour environ 300 000 habitants, Mayotte comptait 42 134 étrangers en situation irrégulière en 2022, soit une hausse de 82 % en trois ans. Les étrangers représentent désormais 50% de la population de Mayotte, dont 95% proviennent des Comores. Ce seraient 24 000 à 28 000 comoriens qui parviennent illégalement à réaliser la traversée chaque année en “kwassa-kwassa”.
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Or, cette submersion migratoire menace la vie des Mahorais. Sur le plan du logement, l’immigration irrégulière alimente massivement le développement des bidonvilles. Ils représentent 39% des logements de l’île. Sur le plan de la sécurité, Mayotte figure parmi les dix départements où plus de 50% des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) sont prononcées. La délinquance générale a augmenté de près de 20% entre début 2022 et début 2023. Selon l’Insee, les actes violents sont proportionnellement dix fois plus fréquents à Mayotte que dans l’Hexagone, trois fois plus pour les vols. Déjà en 2021, environ un Mahorais sur deux se sentait en insécurité, soit cinq à six fois plus qu’en France métropolitaine. Enfin, ajoutons à cela la pire sécheresse depuis 1997 accentuée par un déficit d’infrastructures et d’investissements et la crise de l’eau, un système de santé déficient et un niveau de vie trop faible. Mayotte est l’avant-garde des problèmes français : insécurité galopante et tiers-mondisation des services publics.
Pour une nouvelle politique migratoire dans l’Océan Indien
Pour reprendre le contrôle de notre politique migratoire, il faut adopter une approche diplomatique offensive contre les pays de départ tels que les Comores. Il ne suffit pas de décréter de la fermeté pour qu’elle s’opère efficacement. D’une part, les dirigeants français doivent procéder à des actions choc contre les personnes en situation irrégulière à Mayotte. À ce titre, l’opération “Wuambushu”, lancée en avril 2023 avec pour objectifs principaux la destruction de bidonvilles et des expulsions massives d’étrangers illégaux est une première action qui va dans le bon sens. D’autre part, la France doit mettre en place des sanctions diplomatiques contre les Comores tant qu’elles ne respectent pas deux points : la coopération contre les passeurs pour protéger les frontières et l’obtention de laissez-passer consulaires pour parvenir à expulser un migrant.
Si les dirigeants français n’arrivent pas à protéger toutes leurs frontières, les armées doivent procéder à un blocus naval. Nous devons empêcher que les migrants Comoriens ne s’éloignent trop des côtes comoriennes pour pouvoir les raccompagner en sécurité. L’expérimentation d’un blocus naval contre les Comores doit être envisagée dans le prochain projet de loi Mayotte – attendu courant 2024 – pour ensuite être déployé en mer Méditerranée. En effet, 7 Français sur 10 sont favorables à un blocus militaire en mer Méditerranée face à la crise migratoire.
La France doit faire respecter son territoire et ses frontières. Garantir à chacun que toute personne peut entrer illégalement en France démontre d’emblée le peu de cas fait à notre Etat de droit. Sans se faire respecter, la France ne pourra jamais faire entendre sa voix alors que nous avons marqué le monde par la grandeur de notre civilisation.
Alessandro Roberto, Analyste au Millénaire ;
Matthieu Hocque, Directeur adjoint des Etudes du think-tank gaulliste et indépendant Le Millénaire.
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