Depuis six mois, l’air de la Calomnie est volontiers repris en chœur un peu partout contre nous, ès-qualités supposées de tricheurs, profiteurs et « voleurs de la République ».
Si pendant tout ce temps, nous avons gardé le silence sur le fond du dossier (cf. notre Lettre à la presse sur causeur.fr), ce n’est pas par plaisir, ni surtout dans la nature d’un de nous deux ; c’était à la demande de notre avocat. Il souhaitait, assez légitimement de son point de vue, réserver la primeur de ses conclusions à la justice. Désormais, en attendant la décision de celle-ci, nous pouvons donc dire notre vérité.
La Régie Immobilière de la Ville de Paris, c’est-à-dire la Mairie, réclame à grand renfort de publicité notre « expulsion immédiate », ainsi que celle de « tous les occupants » (nos deux enfants), du logement que nous occupons sans trouble depuis vingt ans.
L’affaire est pleine de vide, et doublement absurde : non seulement l’« urgence » de cette assignation date d’il y a vingt-sept ans, mais elle est sans objet.
– Contrairement à ce qu’a affirmé un peu vite la RIVP, la domiciliation de la Sarl Jalons à notre adresse n’a rien de clandestin. Elle s’est faite dès l’origine avec l’autorisation écrite de notre bailleur, jamais remise en cause depuis par le moindre courrier – recommandé ou pas.
– Quant à la prétendue « sous-location d’une partie de notre logement à la société Jalons », pour y exercer des « activités commerciales », aucun commencement de preuve n’est apporté à cette allégation, et pour cause. Ni stockage, ni « réception de clientèle » : la « ruche commerciale » Jalons n’est que pure fiction, comme en atteste de façon imagée le constat d’huissier effectué chez nous, et comme le savent d’ailleurs tous les gens qui sont venus nous voir depuis vingt ans, journalistes ou simples civils.
Présomption de culpabilité
La seule vérité, dans ce dossier, c’est l’avocat de la RIVP qui l’a lâchée inopinément à l’issue de l’audience : l’élément déclencheur de toute cette procédure, dit-il selon Libération, c’est « la médiatisation » de Frigide Barjot, ex-égérie de la Manif pour tous ».
Comme ça au moins, c’est clair : la mauvaise querelle qu’on nous cherche sous prétexte de litige civil est bel et bien politique – contrairement à ce que nous avaient chanté tout l’été la Régie et ses commanditaires. L’aveu est beau, mais le mal est fait ! Entre-temps, la rumeur visant à nous faire passer pour des escrocs en couple organisé a été relayée et amplifiée par des médias mal intentionnés, ou simplement paresseux.
En présentant comme des faits avérés les accusations portées contre nous, une certaine presse nous a tout simplement condamnés avant jugement. Et sur le net, ce mauvais traitement s’est transformé en un déferlement de haine aussi violente qu’aveugle. La guillotine 2.0 est arrivée ! Certes, nous ne sommes pas les premiers à la tester, ni sûrement les derniers. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’elle ne coupe que les têtes virtuelles.
Faute de décapitation, il faut voir les chapeaux qu’on nous fait porter. Et surtout, comme dit Barjot, « il faut les voir portés ».
Délit d’opinion, présomption de culpabilité – et cette ultime étiquette, collée sur toutes les autres, de nouveaux Thénardier… Cette affaire nous aura coûté cher en fait d’e-réputation et, si ça se trouve, c’est pas terminé ! Merci qui ? Merci madame la RIVP, merci monsieur Delanoë… En espérant qu’on n’oublie personne.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !