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Comment la défaite de Trump pourrait sauver l’âme des Républicains

L'édito de Jérôme Leroy sur la présidentielle américaine


Comment la défaite de Trump pourrait sauver l’âme des Républicains
Donald Trump en mars 2019 © Carolyn Kaster/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22308675_000001

Il est temps que les valeurs conservatrices échappent à l’emprise d’une caricature populiste, selon Jérôme Leroy


Je comprends tout à fait que l’on puisse être conservateur, en France, comme en Amérique. (Je ne suis pas certain que le conservateur puisse comprendre qu’on soit communiste mais ce n’est pas là mon propos.)

Samedi 7 novembre 2020 à la mi-journée, les médias américains ont commencé à annoncer une victoire électorale de Joe Biden. Ici, capture d'écran Fox News.
Samedi 7 novembre 2020 à la mi-journée, les médias américains ont commencé à annoncer une victoire électorale de Joe Biden. Ici, capture d’écran Fox News.

Je comprends donc tout à fait qu’on puisse être Républicain. Une fois qu’on en a terminé avec la caricature, il n’y a rien de déshonorant à croire en la libre entreprise, en l’obligation de charité que demande le christianisme et penser que cela remplace aisément le welfare state en moins intrusif. Je comprends tout à fait que l’on soit très pointilleux sur le plan des libertés individuelles tout en désirant s’inscrire dans une tradition, en aimant le drapeau et la déclaration d’indépendance qui indique explicitement que le but de l’homme est « la poursuite du bonheur ».

C’est un Républicain qui en a terminé avec l’esclavage

Je comprends tout à fait qu’on puisse croire en un ordre social fondé sur le mérite tout en supposant l’égalité de tous les hommes devant Dieu, ce qui explique que c’est un Républicain qui en a terminé avec l’esclavage. Je comprends ce souci conjoint d’individualisme et d’inscription dans une communauté avec laquelle on prie le dimanche. C’est, au cinéma, l’Amérique de John Ford et de Clint Eastwood ou encore le personnage de shérif joué par Gary Cooper et marié à une Quaker dans Le Train sifflera trois fois. Mais en revanche je ne comprends pas et je ne comprendrais jamais que les responsables républicains, à de rares exception comme Mitt Romney, aient accepté un escroc de la télé réalité et un homme d’affaires minable pour préempter leurs valeurs en les transformant en un populisme démagogique et violent.

Comme je comprends encore moins que certains par ici, je veux dire en France, aient trouvé Trump sympa, voire acceptable parce qu’il crachait sur les « élites », les « bobos » etc. C’est un peu cher payé, Trump, je trouve parce qu’on ne supporte pas le XIème arrondissement ou les Inrocks. J’ai du mal avec cette gauche intersectionnelle et antisociale, mais pas au point de trouver « quand même marrant » un mec qui se vante de saisir les femmes par la chatte et qui appelle tranquillou, à la fin de son premier débat avec Biden, des milices à se tenir prêtes.

A truly decent man

Trump qu’il gagne ou perde, a augmenté son score de 3 millions de voix. Ça ne prouve pas qu’il ait raison, ça prouve juste qu’il est plus facile de jouer sur ce qu’il y a de plus bas en nous: essentiellement la peur d’être minoritaire ethniquement dans son propre pays sauf que l’Amérique n’est pas et n’a jamais été un pays ethniquement homogène. Demandez à Lincoln ce qu’il en pensait quand il a décidé de libérer les Noirs. C’était un Républicain, « a truly decent man… »



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