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Comment j’ai fini par regretter Guillaume Durand


Comment j’ai fini par regretter Guillaume Durand

Impression désagréable : comme si Picouly respectait les survivants de la Shoah non parce qu’elle fut monstrueuse, mais parce que leur manquer de respect, ès qualités, serait monstrueux pour sa carrière…

Tenez : je parie ma paye contre la sienne que le sieur Picouly eût marqué moins de déférence face à un Ralph Giordano, pourtant lui aussi rescapé des camps.

L’impression que le picoulisme est un opportunisme se confirme, hélas, avec la deuxième séquence de son show. Là, brusquement, « l’âne change de ton » : ainsi finit la comédie, qui fait place au sacrifice rituel. La victime expiatoire ? L’écrivain Jean Bothorel. Son crime ? Dans Chers imposteurs (Fayard), il a le culot de décrire notre intelligentsia dominante telle qu’elle est encore et toujours (Quousque tandem ?) : une camarilla de baudruches surmédiatisées et sous-cultivées.

Pour lui faire ravaler cette audace, le Picouly, prudent, s’est entouré de deux stars du PIF (paysage intellectuel français). A ma gauche, l’incontournable Jean-Paul Enthoven, grand manitou d’éditeurs divers et de la Pensée unique. A sa droite, le très polyvalent Yann Moix, auteur entre autres de monographies qui font autorité sur Claude François, Edith Stein et les partouzes.

Autant vous dire qu’entre ce marteau et cette enclume, le malheureux Jean Bothorel n’avait aucune chance de s’en sortir – surtout avec Picouly aux tenailles.

Sans doute Daniel l’eût-il traité autrement il y a dix ou vingt ans, quand Bothorel était l’éditorialiste influent et redouté du Matin, puis du Figaro. Mais aujourd’hui, l’homme a perdu tout pouvoir de nuisance. Dès lors, pourquoi le ménager, n’est-ce pas ?

Enthoven et Moix concassent donc consciencieusement l’infortuné, qui visiblement n’avait pas prévu le coup. « Ce pseudo-pamphlet n’est qu’un brûlot mouillé, bâclé par un vieux réac aigri », assènent tour à tour, et en substance, les deux Muppets de la bien-pensance.

Logiquement, Bothorel se dit « estomaqué » par les « insultes ». C’est alors que notre Picouly, enhardi par le tour qu’a pris ce combat truqué entre toro aveugle et picadores complices, décide de clore le « débat » par un réquisitoire sans appel : « La preuve que votre « complot » est imaginaire, c’est que vous serez invité dans tous les médias. Et là (je cite texto parce que ça le mérite) vous aurez à répondre de toutes vos assertions ! »

Un tel langage de Beria autoproclamé suffit à déconsidérer à mes yeux ce bonhomme-là, dont j’ai d’ailleurs oublié déjà le nom – et je vous conseille vivement d’en faire autant.



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