« Je ne pense pas qu’on puisse dire que la matinale de France Inter est de gauche. » Léa Salamé, émission Quotidien du 6 septembre 2023.
Dernièrement, sur France 5, dans l’émission “C médiatique”, Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, a affirmé que, pour ce qui est du pluralisme, cette radio publique est exemplaire. Elle ne comprend pas les reproches qui lui sont faits. Quoi? France Inter serait de gauche? Il y aurait des personnalités qui y seraient interdites d’antenne malgré leurs œuvres, leurs livres, l’intérêt que leur portent un large public ou d’autres médias? « Il n’y a pas de black listing de personnes en particulier », a affirmé Mme Van Reeth, avant d’ajouter que « tout le monde est bienvenu sur France Inter ».
Climat, musulmans, transgenres : les sujets qui fâchent
Toutefois, a-t-elle tenu à préciser, France Inter ayant « certaines valeurs qui sont toutes au service de l’intérêt général […] elle a choisi, en ce qui concerne le réchauffement climatique et la cause écologique, de ne pas donner la parole à des personnes qui contesteraient le fait même du réchauffement climatique ». Et de conclure en usant du sabir de l’étudiant en première année de communication médiatique : « C’est un engagement de Radio France au nom d’une valeur qui est à la hauteur de la mission qu’on doit accomplir. » Hormis le fait qu’on ne voit pour quelles raisons sérieuses – « au nom d’une valeur » n’en est pas une – quiconque ayant une expertise dans le domaine concerné ne pourrait pas venir exposer des arguments interrogeant l’idée même du « réchauffement climatique », Mme Van Reeth a menti par manque de précision : la charte de Radio France intitulée “Le Tournant” stipule en effet que la radio publique « sort du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine ». En clair, les personnes questionnant le dogme anthropique du changement climatique entériné par le GIEC ne sont pas non plus les bienvenues sur les chaînes de la radio publique.
Autre exemple : si les auteurs d’un livre récent sur « ces musulmans diplômés mais discriminés qui fuient la France » ont pu promouvoir leur ouvrage[1] sur France Culture, France Info, France Inter et France TV, il ne semble pas que Dora Moutot et Marguerite Stern aient eu la possibilité de venir, elles, y présenter leur essai sur les dangereuses dérives de l’idéologie transgenre. Mais, vu l’ambition pluraliste revendiquée par l’audiovisuel public, cela ne saurait tarder. Encore que, faut voir… Sur France 5, la chroniqueuse du “Magazine de la santé” Enora Malagré s’est dite en effet « ulcérée » par le fait « qu’on invite ces… deux personnes sur les plateaux télé ». Heureusement, a-t-elle laissé sous-entendre, cela n’arrivera pas sur « le service public, où la tolérance et l’inclusion sont les maîtres-mots ». Mme Malagré, bouffie de suffisance bien-pensante, ne se rend même plus compte des sottises paradoxales qu’elle profère. Furibonde, elle conclut : « Il n’y a pas de féminisme sans femmes trans » – phrase qui restera dans les annales de la télévision française et amusera beaucoup nos petits-enfants, dans quelques années, lorsque tout le monde sera redescendu sur Terre.
La couleur politique de la matinale de France Inter débattue
« Il est plus facile pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux, qu’à un journaliste de droite de se faire embaucher sur France Inter » affirmait Eugénie Bastié sur Europe 1 le 17 février 2023.
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La seule matinale de France Inter – orchestrée par Nicolas Demorand, Léa Salamé et Sonia Devillers en semaine, Ali Baddou et Marion L’Hour le vendredi et le week-end – ne laisse planer aucun doute : France Inter est une radio de gauche, européiste, immigrationniste et écolo-woke. Quant au reste de la grille, on peut dire qu’il y flotte un épais « gauchisme d’atmosphère ». En vue des élections européennes, France Inter, comme la majorité des médias audiovisuels, a l’obligation depuis le 15 avril de respecter un principe d’équité. Sur son site, l’Arcom précise que « les comptes rendus, commentaires et présentations auxquels donnent lieu les élections doivent être exposés avec un souci constant de mesure et d’honnêteté ». Comment faire semblant de respecter ces recommandations tout en continuant en réalité de favoriser la gauche européiste et immigrationniste et de discréditer les représentants politiques qui ne sont pas en odeur de sainteté dans la Maison Ronde ?
D’abord, en conviant des personnes peu connues du grand public, supposément neutres dans cette campagne mais en réalité sur la même ligne pro-UE fédéraliste, immigrationniste et multiculturaliste que Raphaël Glucksmann. Exemple : mardi 23 avril, Nicolas Demorand recevait l’écrivain Giulano da Empoli. Celui-ci a dirigé le dernier numéro de la revue géopolitique Le Grand Continent sur laquelle Nicolas Demorand ne tarit pas d’éloges. Cette revue est éditée par le Groupe d’études géopolitiques sis rue d’Ulm, à l’ENS, et est fort prisée de tous ceux qui militent pour une UE élargie et « souveraine ». L’entretien a donc été une ode à l’UE, à son avenir fédéral radieux, à sa transition écologique nécessaire, à son immigration heureuse, le tout agrémenté d’un discours rodé contre les « climatosceptiques » et les « forces nationales-populistes ». La poussée électorale de « l’extrême droite » dans toute l’Europe ne pourra sans doute pas être évitée, estime Giulano da Empoli en ajoutant dans la foulée une réflexion retenant l’attention : « Mais il n’y aura pas un changement de majorité trop important au Parlement européen. Cela ne va probablement pas tout bousculer. On a une fenêtre d’opportunité de quelques années pour essayer de faire des choses. » Traduction : malgré les quelques sièges que les partis dits d’extrême droite vont récupérer, la majorité du Parlement européen restera grosso modo sur la ligne actuelle et aura cinq ans pour entériner les projets de destruction des nations qui sont dans les tuyaux de la Commission européenne et visent à voir advenir le plus rapidement possible l’Europe fédérale et supranationale chère aux Allemands, à Raphaël Glucksmann et à Emmanuel Macron qui se voit déjà président de celle-ci.
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Ensuite, en recevant certains représentants politiques baïonnette au fusil, couteau sous le manteau et rosseries médisantes sous le coude. Le commissaire Matthieu Valet s’est mis en disponibilité de la police pour rejoindre la liste du RN. Campagne électorale oblige, Ali Baddou et Marion L’Hour l’ont « accueilli » lors de la matinale du samedi 27 avril. Il faut écouter cette émission pour saisir toute la subtilité ironique de la phrase d’Adèle Van Reeth : « Tout le monde est bienvenu sur France Inter. » Cinglante, Marion L’Hour ouvre les hostilités : « Vous êtes une prise de guerre ou vous êtes un boulet ? » Matthieu Valet ne comprend pas la question. L’auditeur non plus. Il décline ses excellents états de service dans la police puis attend la question suivante. L’auditeur aussi. La journaliste, agitée, impatiente et toute frétillante à l’idée d’asséner ce qu’elle croit être un coup décisif, explique alors pour quelles raisons elle pense que le policier est un « boulet » pour le RN : reprenant des informations du Canard enchaîné datant un peu, Libération a rappelé il y a quelques jours que Matthieu Valet a, premièrement, utilisé en 2022 des bons SNCF que lui ont donnés cinq de ses collègues (bons alloués par le ministère de l’Intérieur à chaque policier pour ses déplacements) et, deuxièmement, eu un accident en utilisant un véhicule de police alors qu’il n’était pas en service. Le policier a beau expliquer les faits – plutôt mineurs – Marion Saint-Just L’Hour fulmine : « Il ne faut pas être exemplaire pour être élu ? » Matthieu Valet se voit dans l’obligation de décrire à nouveau son parcours professionnel édifiant, ses 18 années passées dans les forces de l’ordre sans un accroc. Sèchement, Marion Fouquier-Tinville L’Hour embraie alors sur le fait de savoir qui peut ou ne peut pas être sur la liste RN en évoquant le cas de Thierry Mariani. Nous sommes à la 6ème minute d’un entretien prévu pour en durer une douzaine et, comme le fait remarquer Matthieu Valet, il n’a toujours pas été question des préoccupations des Français dans le cadre des prochaines élections. Entre alors en jeu Ali Baddou. Avec une affirmation surprenante : « Vous, policier, êtes sur la liste d’un parti qui juge que la police est laxiste depuis des décennies. » Les bras de Matthieu Valet lui en tombent : M. Baddou ne confondrait-il pas le RN et l’extrême gauche ? Non, non, pas du tout, répond le journaliste en maintenant son étrange allégation sur un ton goguenard. Il reste à peine deux minutes d’entretien. Matthieu Valet parvient enfin à aborder un sujet touchant à l’avenir des Européens, les Français en tête : le Pacte Asile et Immigration adopté au Parlement européen. Afin de contrecarrer les critiques de Matthieu Valet qui juge ce pacte extrêmement laxiste envers les « mineurs non accompagnés », Ali Torquemada Baddou lui coupe systématiquement la parole pour rabâcher que ce Pacte n’a pas encore été entériné par les 27 membres de l’UE. Point final d’un entretien qui symbolise la quintessence du journalisme france-intérien, son increvable dogmatisme de gauche et sa profonde malhonnêteté.
Remontés comme des coucous, nos deux journalistes france-intériens n’ont su dissimuler leur animosité sous aucun atour langagier – au contraire, la langue maniée par ces deux inquisiteurs d’opérette est restée au niveau des intentions, brutales et vindicatives : indigente, répétitive et haineuse. Baddou et L’Hour ont voulu « se faire » Matthieu Valet qui n’était visiblement pas le « bienvenu » sur France Inter et a bénéficié, si j’ose dire, du traitement de faveur réservé aux invités politiques qui n’ont pas l’heur de plaire à la caste journalistique de la radio publique : éructations acides, affirmations grossières, sous-entendus fielleux, interruptions agressives – Valet, pour qui cette invitation sur France Inter était une première, a eu droit à la totale. Sans espérer une impartialité totale, sans doute ne s’attendait-il pas à un tel assaut de la part de journalistes décrits par Adèle Van Reeth comme des « personnes qui ne sont pas dans une optique militante » (Le Figaro, 28 mars 2024). La directrice de France Inter a bien fait d’insister sur ce point, parce qu’à l’écoute de cet entretien ça ne saute pas spontanément aux oreilles.
Nassira El Moaddem ne fait pas semblant, elle, de militer. Cette ancienne journaliste et directrice du Bondy Blog, adepte des thèses racialistes et décoloniales qui nourrissent le journalisme islamo-gauchiste, est persuadée que la France est un pays où règnent un « racisme systémique » et une « islamophobie chronique ». Suite à un courrier de la FFF rappelant aux clubs les règles strictes sur le port d’équipements et de vêtements pouvant contrevenir aux recommandations récentes du Conseil d’État interdisant tout signe ostentatoire religieux lors des compétitions sportives, elle écrit sur les réseaux sociaux : « Pays de racistes dégénérés. Il n’y a pas d’autres mots. La honte. » Nassira El Moaddem collabore au site fondé par Daniel Schneidermann, “Arrêt sur images”, et a présenté sur France Inter une émission d’entretiens intitulée Parcours de combattants. Face au tollé général, Daniel Schneidermann soutient la journaliste islamo-gauchiste. Venant de l’admirateur de Rima Hassan, la nouvelle égérie pro-palestinienne de LFI, ce soutien n’a rien d’étonnant. En revanche, il est surprenant qu’aucun dirigeant de la radio publique n’ait émis de critique suite aux écrits scandaleux de cette journaliste. Celle-ci ayant été collaboratrice de Radio France, peut-être serait-il bon, a minima, de lui demander de présenter des excuses aux Français qui ont contribué à sa rémunération. Il est à espérer que Nassira El Moaddem ne se verra pas employer à nouveau par la radio publique d’un pays dont elle voue les habitants aux gémonies, comme le confirme un nouveau tweet dans lequel elle affirme maintenir à 100% ses insultes envers les Français, ces « racistes dégénérés », selon elle • DD |
[1] La France, tu l’aimes mais tu la quittes : Enquête sur la diaspora française musulmane. Éditions du Seuil. Il faut noter – ce qu’aucun journaliste l’ayant reçu n’a fait – qu’Olivier Esteves, professeur à l’université de Lille et un des co-auteurs de cet ouvrage, a été membre du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Il a d’ailleurs protesté contre la dissolution de ce dernier, considérant qu’il fournissait « un travail important de défense d’une minorité stigmatisée, le plus souvent à travers la conciliation ». Tiens donc ! Pour mémoire, le parent d’élève ayant lancé une fatwa contre Samuel Paty faisait clairement référence au CCIF, raison pour laquelle Gérald Darmanin a décidé la dissolution de ce collectif proche des Frères musulmans. Sur X, Florence Bergeaud-Blackler rappelle que Julien Talpin, un autre des co-auteurs de l’ouvrage en question, a également participé à un « rapport pour la très frériste Alliance Citoyenne ». Ce rapport se présentait comme un « recueil de témoignages de femmes musulmanes lyonnaises face aux refus d’emploi, refus de soin, refus de formation, refus d’accès à la pratique sportive à cause de leur voile ». Ce chargé de recherches au CNRS a lui aussi milité contre la dissolution du CCIF en signant entre autres une tribune parue sur Vox Public le 20 octobre 2020. Dhimmitude, quand tu nous tiens.
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