Le candidat inattendu du scrutin de dimanche prend les paris dans Le Figaro : selon lui, après la sidération de l’invasion russe de l’Ukraine, les électeurs qui partagent ses idées pourraient revenir vers lui. Persuadé d’avoir posé un bon diagnostic sur les maux français, et que dégagisme et populisme demeurent de puissants leviers pour mobiliser, il croit la surprise encore possible.
Pour affaiblir le président sortant, surfer sur le scandale McKinsey, tout le monde a un peu essayé, mais ça ne prend pas vraiment… Quant au malheureux Jérémy Cohen mort à Bobigny, tout le monde en a désormais parlé.
Lundi, Eric Zemmour a expliqué dans une interview au Figaro pourquoi il ne faut pas écouter les sondeurs, selon lui, et exposé une nouvelle fois les raisons qui lui permettent d’espérer une surprise. « Je vous le dis, je serai au second tour. Dimanche, votez pour moi, car je suis le seul vote vital pour sauver la France et le seul vote utile pour rebâtir la droite » a-t-il assuré.
La continuité historique, c’est lui?
Sans lui, le désastre ? Quand les journalistes et ex-collègues du Figaro lui demandent pourquoi diable il s’est porté candidat, Eric Zemmour leur répond que rien ne le destinait effectivement à l’être, en réalité. Certes, il menait déjà « une vie risquée », était « souvent seul contre tous », mais il s’estimait « heureux » malgré la protection policière permanente. Le hic, explique-t-il ensuite à nos confrères, c’est qu’il avait « le sentiment de comprendre ce qui allait arriver à notre peuple et d’être impuissant ».
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S’il ne passe pas, il frissonne à l’idée que la France ne soit « bientôt plus la France ». Et il précise sa sombre prévision : « Elle s’appellera encore la France, mais sera devenue un autre pays, un pays qui ne respecte plus sa propre culture, un pays à majorité musulmane, africaine, qui appartiendra à une autre civilisation. Je me suis présenté parce que j’ai un espoir : que les Français continuent leur glorieuse histoire, 1500 ans d’histoire chrétienne et européenne ! »
Le rêve d’une union des droites
On lui fait alors remarquer qu’aujourd’hui l’électorat de droite, au sens large, est plus divisé que jamais. Alors que l’opinion publique s’est sensiblement droitisée, et que des thématiques comme celles de l’ensauvagement, du “grand remplacement” ou de l’insécurité culturelle occupent un espace médiatique moins restreint qu’auparavant, Marine Le Pen, Valérie Pécresse, quelques autres et lui se disputent en effet un très vaste électorat conservateur, sans jamais être parvenus à s’entendre.
Zemmour reste persuadé, pourtant, que ces familles politiques ne sont pas irréconciliables et qu’il est « la solution à cette impasse ». Il en veut pour preuve son équipe de campagne, composée de personnalités issues de différents courants.
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« Vous avez des enfants, parfois des petits-enfants. Que voulez-vous leur laisser ? C’est la question fondamentale qu’il faudra se poser dans l’isoloir dimanche prochain » prévient le conservateur surprise de ce scrutin, qui souhaite rallier tous ceux que cette problématique civilisationnelle hante. « Tous ces élus issus de partis rivaux, qui ne se parlaient pas, se réunissent désormais autour de moi » se félicite celui qui rappelle au passage que Valérie Pécresse a trahi l’électorat de droite à plusieurs reprises, en 2017 en appelant à voter pour Emmanuel Macron au second tour ou en 2019 quand elle quitta LR parce que le parti était trop à droite à son goût. Ainsi, le message d’Eric Zemmour aux lecteurs du Figaro est clair, si vous voulez du Macron pendant encore cinq ans, c’est effectivement pour Pécresse qu’il faut voter !
Cuisine populaire ou populiste, à vous de voir
Eric Zemmour entend d’ailleurs capitaliser en cette fin de campagne sur le rejet de nombreux citoyens envers Emmanuel Macron. « Macron me cible depuis son entrée en campagne, parce qu’il sait que je suis son seul adversaire (…) Je suis le seul candidat de droite : le seul vote utile à droite, c’est moi ! ». Le décrochage du candidat de “Reconquête” dans les sondages d’opinion s’est accentué avec le conflit ukrainien, qui a éclaté le 24 février. Éric Zemmour n’exclut pas que la sidération des premiers jours étant passée, une partie de l’opinion puisse revenir vers lui. « Une partie des gens qui croient en moi ont eu peur de la généralisation de la guerre en Europe et pendant un temps, ils se sont dit qu’il ne fallait pas changer de capitaine en temps de guerre, malgré leurs désaccords avec Macron. Je les invite à revenir sur leur choix, car l’avenir de la France est en jeu et Macron ne les protégera en rien » explique-t-il aux journalistes.
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Enfin, il l’assure à ces électeurs potentiels, lui n’est pas un “politicien”. Il rappelle qu’en 2016, tous les sondages donnaient Trump battu la veille de l’élection. C’est certes faire peu de cas des différences de scrutin majeures entre la France et les États-Unis, mais l’essayiste rêve, comme le populiste américain, de déjouer le pronostic des médias et des sondeurs.
Depuis le début de son entrée en politique, il table en tout cas sur sa présence au second tour pour que le parti LR explose et qu’une vaste reconstruction de la droite française puisse s’opérer – permettant aux idées conservatrices insolubles dans le macronisme d’être vraiment défendues. Et si vous n’êtes pas élu c’est la fin de votre aventure politique ? osent enfin nos confrères. Pas policitien, peut-être, Eric Zemmour semble déjà avoir bien appris à ne pas répondre à ce type de questions…