Un certain courant du féminisme, très en vue dans les milieux politique et médiatique, reste obsédé par des questions inspirées par la théorie du genre et néglige les vraies difficultés auxquelles les femmes doivent faire face, comme le fléau de l’endométriose, une maladie très douloureuse et mal comprise qui touche un grand nombre de femmes. Tribune libre de Marie Dauchy, eurodéputée du Rassemblement national depuis 2022.
Le féminisme n’est plus. Il s’est depuis longtemps perdu. Ce noble et grand combat pour la justice, l’égalité et la dignité a été préempté et dénaturé par des idéologues qui s’intéressent moins à l’amélioration des conditions de vie des femmes qu’à une recherche d’indifférenciation généralisée de tout : entre invention de l’homme enceint, négation de l’instinct maternel, développement de l’écriture inclusive ou encore assimilation des personnes transgenres au sexe de leur choix.
Ce nouveau féminisme – désormais majoritaire – puise ses théories dans les études de genre anglo-saxonnes, elles-mêmes inspirées par la philosophie française de la déconstruction qui, entre les années 1960 et 1970, sous la plume de penseurs comme Jacques Derrida, Gilles Deleuze ou Michel Foucault, posait que tout n’est que pure construction sociale. Partant de ce principe, aucune règle n’existe ; rien n’est intangible, pas même le sexe, et il conviendrait d’anéantir toute distinction entre hommes et femmes sur le fondement de la simple volonté individuelle.
Et c’est très certainement là que se situe le cœur du problème permettant de comprendre les véritables tenants et aboutissants du néo-féminisme : la question de la volonté individuelle ; celle du choix. Dans une société où l’individualisme et le matérialisme atteignent un paroxysme dans la mise en avant de la satisfaction des désirs personnels, le féminisme s’est changé en caprice d’une élite de petits-bourgeois « progressistes » qui ne se satisfont plus de ce que la nature leur a donné et qu’ils perçoivent comme une contrainte. Il s’agit donc pour eux de déconstruire cet ordre naturel par tous les moyens.
L’exemple le plus criant de cette volonté de destruction est évidemment celui de la famille : aux rôles spécifiques de la mère et du père, devraient se substituer ceux des « parent 1 » et « parent 2 » dans l’indifférenciation la plus totale ; tout ceci étant évidemment rendu possible par la procréation médicalement assistée, qui, c’est écrit, ouvrira la voie à la gestation pour autrui.
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Au-delà de toutes autres considérations par ailleurs fondamentales telles que le bien-être des enfants et leur construction psychique, le problème de cette vision des choses, c’est qu’à vouloir tout indifférencier, on est très vite rattrapé par la réalité biologique qui pose des différences insurmontables entre hommes et femmes sur lesquelles la science est unanime : les différences physiques, à l’évidence, comme les différences psychologiques et de comportements sociaux. Nier ces différences entre le masculin et le féminin – ou prétendre vouloir s’en défaire – entraine deux problèmes majeurs : de manière générale, cela revient à remettre en cause notre humanité qui est intrinsèquement polarisée entre des principes masculins et féminins, mais de manière plus spécifique, cela revient à porter une atteinte grave aux femmes qui ont des besoins qui leur sont propres. Et c’est là que mon combat pour la santé des femmes prend tout son sens.
J’ai l’honneur, depuis maintenant à peu près un an, d’être élue député français au Parlement européen. Dès les premiers mois de mon mandat, j’ai souhaité orienter mon action politique en faveur de la santé des femmes, dans le prolongement de l’engagement qui était le mien en tant qu’élue locale sur mon territoire de Savoie. Cette question est infiniment complexe et tient tout autant à la qualité de nos modes de vie, qu’à la formation des médecins et à la recherche scientifique. Mais elle ne peut être véritablement traitée qu’en partant d’un principe à première vue simple mais sur lequel les néo-féministes tentent pourtant de revenir : une femme est une femme.
Depuis plusieurs années maintenant, je suis donc engagée dans un combat qui me tient particulièrement à cœur et qui condense à lui seul toutes les problématiques relatives à la santé des femmes : le combat contre l’endométriose. Cette maladie chronique fortement handicapante, qui intervient au moment des règles, touche entre 10% et 20% des femmes en âge de procréer (soit environ 14 millions de femmes en Europe). Pour l’heure, le diagnostic et la formation du personnel médical restent encore très lacunaires et aucun traitement curatif n’existe.
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Les femmes atteintes d’endométriose, à supposer qu’elles puissent être diagnostiquées, sont donc plongées dans un état d’assujettissement total à des traitements qui ne font au mieux que dissiper un tant soit peu la douleur, sans perspective de guérison et qui peut engendrer des complications comme la stérilité, voire la dépendance médicamenteuse. Il s’agit donc d’un véritable calvaire, que ce soit en termes de souffrances physiques, mais également pour ce qui est de la vie professionnelle, affective et familiale. Près de 85% des femmes atteintes par la maladie affirment même avoir déjà eu des idées suicidaires.
En avril, j’ai donc déposé au Parlement européen une proposition de Résolution visant à coordonner les efforts de recherche sur cette maladie entre les États membres de l’Union européenne, pour tirer parti des meilleures pratiques actuellement existantes en Europe, en partant du principe que certains pays sont bien en avance sur d’autres. Au-delà de l’aspect médical et sanitaire, mon combat de parlementaire est aussi un combat féministe ; mais féministe au sens premier du terme, c’est-à-dire celui qui vise à l’amélioration objective des conditions de vie des femmes, loin de celui qui les enferme dans une lutte aveugle contre tout ce qui les distingue de l’homme et qui n’aboutit au final qu’à une guerre des sexes.
C’est donc aujourd’hui deux visions du féminisme qui s’affrontent et je m’en suis bien rendu compte en tentant de porter le combat contre l’endométriose au Parlement européen : alors que ma proposition avait pour ambition de rassembler, la Commission de l’Environnement du Parlement européen en charge du texte a décidé de ne même pas soumettre le texte à l’étude. La gauche et les macronistes ont prétexté qu’il n’y avait pas de sens à étudier un texte sur une maladie précise, niant de fait le caractère de fléau de santé publique de l’endométriose. Les mêmes qui, sans hésitation, s’empressaient de voter au même moment en faveur d’une Résolution inutile dénonçant les politiques anti-LGBT en Ouganda…
Lutter pour la santé des femmes et, au final, leur indépendance en prenant en compte les réalités qui leur sont propres : voilà ma conception du féminisme ! Le reste n’est qu’un combat purement idéologique porté par une élite de petits bourgeois privilégiés qui souhaitent faire fi de ce que nous sommes intrinsèquement.
La semaine dernière, je me suis amusée à voir passer sur mon fil d’actualités Twitter une réaction de Sandrine Rousseau qui critiquait le concours Miss France en réaction à la mort de Geneviève de Fontenay. Elle dénonçait – portant cette critique en étendard de sa conception du féminisme – la standardisation des corps, le formatage, les normes et les notes, pour au final glorifier ce qui, selon elle, devrait davantage être mis en avant : les concours de Miss transgenre.
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Sans entrer dans le débat sur le concours Miss France en lui-même – de ce qu’il peut représenter en matière de célébration du beau, de l’élégance ou même de la haute couture à la française – cette réaction ne m’inspire qu’une seule réflexion : nos visions du féminisme sont opposées. Plus encore, elles sont fondamentalement antagonistes. Je laisse volontiers à Sandrine Rousseau le combat pour la dénaturation de la femme, car mon combat est tout autre. Mon combat, c’est de faire en sorte que les femmes vivent en bonne santé, de manière épanouie et qu’elles trouvent toute leur place dans la société en tant que femmes, fières d’être femmes.
J’espère que mon implication en faveur de la santé des femmes saura inspirer d’autres initiatives pour que le féminisme retrouve ses lettres de noblesse. Il est grand temps que les véritables féministes se ré-emparent de cette lutte qui est la seule qui puisse aboutir à une réelle égalité entre les sexes. En un mot, il est temps de redonner un sens au féminisme !
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