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Coluche, et après


Il est beaucoup question de Coluche ces temps-ci, notamment à cause du film-catastrophe que lui consacre Antoine de Caunes. (À chaque fois que je vois un de ses opus, je me pose la même question : quel est le flatteur imbécile qui a persuadé ce sympathique non-voyant qu’il était cinéaste ?)
Tout le monde en parle, disais-je ; alors, pourquoi pas moi ? Eh bien, puisque vous me posez la question, mes sentiments à l’égard de Coluche sont partagés (au moins par moi).

Ce qui naturellement m’insupporte, en tant que chrétien des Alpes, c’est d’entendre depuis vingt-deux ans pleurer rituellement ce « saint laïc » ; je parlerais plus volontiers d’un bouffon opportuniste qui, au fil de sa vie – courte, mais intense – s’est mué en une sorte de Père Teresa.
Ou plus précisément, une Mère Teresa à l’envers : chez Coluche, les élans de transcendance semblent avoir été à peu près aussi fréquents que les bouffées de doute chez Teresa. (Mais j’ai pas les chiffres.)
Ça ne suffit pas pour moi à en faire un saint – « ni même une paire », comme il eût dit. Juste un mec plutôt bien, et c’est déjà pas mal.

En quinze ans de carrière, dans ce monde particulièrement cruel et absurde du showbiz, il semble qu’il n’ait jamais piétiné personne pour prendre sa place, ni même pour faire un bon mot. Si l’on peut admirer quelque chose chez lui, c’est cette humanité – j’ai pas dit « humanisme ».

Invité au « Jeu de la Vérité » de Patrick Sabatier (TF1, 15 mai 1985 ), contrairement à tous ses prédécesseurs hormis Chantal Goya, Coluche joue le jeu. Et crève l’écran juste en disant la vérité, posément.
Oui, il a eu « deux-trois » expériences homosexuelles mais, après réflexion, elles n’auront servi qu’à confirmer son hétérosexualité. Une pulsion incontrôlable hélas, et qui d’ailleurs n’empêche pas la misogynie : au moins, on sait de quoi on parle !
Oui, il a goûté à toutes les drogues – et non il n’en recommande aucune.
Oui, il a touché le fond de l’abîme et oui, il est remonté « mais c’est plus dur que la descente ». On s’en doutait, sauf que c’est toujours mieux de l’entendre dire par un mec qui a fait l’aller-retour.

Pour Michel Colucci, la descente aux Enfers aura duré quatre ans, scandés par des tragicomédies dont il était de moins en moins responsable.

Sa vraie-fausse campagne à la présidentielle de 1981 a fini comme elle avait commencé : en foirade. Il faut savoir s’entourer ; entre Romain Goupil, demi-solde du gauchisme et Paul Lederman, soldeur de génies, Michel était mal pris. De conserve, mais chacun pour son compte, ces deux-là l’ont marionnettisé pour en faire un vrai-faux candidat « présentable » à la présidence de la République.
Et voilà : comme je vous l’annonçais déjà il y a plusieurs lignes, ça s’est terminé en eau de boudin – mais avec en supplément du sang, des larmes et quelques crises délirantes, voire suicidaires. D’absence de fil en absence d’aiguille, peu à peu Coluche a fini par sombrer. Fiascos politico-médiatiques, comme ce pitoyable sketch de candidatus interruptus ; déchirements intimes, comme la rupture avec son épouse Véronique ; drames indicibles, comme l’arrachement de son double astral Dewaere…



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