Nous avons raison de nous méfier des clichés, des fantasmes et des préjugés racistes : le Chinois est sournois, le Noir est fainéant, le Juif est malin et rapiat, l’Arabe est voleur et violeur… Mais nous avons tort de renoncer aux fruits des expériences vécues, d’ignorer les rapports de police, d’écarter les témoignages, de rejeter les statistiques, parce que nous refusons les essentialisations comme les généralisations, et que nous craignons d’arriver à des conclusions déplaisantes.
Quand les médias, freinés par une prudence rare en plein débat sur les migrants, ont commencé à nous raconter la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne mais aussi dans de nombreuses villes d’Allemagne et d’ailleurs, le terme le plus employé par les rédactions fut « sidération ». Dans un pays où l’on tente de dresser les mâles autochtones à pisser assis pour en finir avec l’un des derniers vestiges de l’inégalité entre les sexes, la prédation massive d’hommes venus d’ailleurs sur des femmes du coin a provoqué une surprise extrême. Une réalité toute crue, qu’un antiracisme obligatoire et répandu avait interdit de nommer jusque-là pour ne pas faire le jeu des partis populistes, s’est étalée en place publique, à la sidération générale.
La démonstration de force brutale, massive et obscène de ces foules décrites comme « arabes » par la police de Cologne un soir de fête a sidéré l’Allemagne et l’Europe en concentrant dans le temps et dans l’espace la réalité d’une criminalité diffuse. Depuis que l’information n’est plus inconvenante et qu’elle circule, nous apprenons qu’à l’Ouest, il n’y a rien de nouveau. En effet, on découvrait mi-janvier un rapport jamais divulgué sur la délinquance des Nord-Africains, qui révélait qu’il y avait eu autant d’agressions sexuelles le soir du 31 que pendant le dernier trimestre 2015 dans toute l’Allemagne, soit environ 600 agressions sexuelles et 260 viols, majoritairement commis par des étrangers, demandeurs d’asile ou sans-papiers. Et ces chiffres qui peuvent sidérer n’ont rien d’exceptionnel quand on les compare à ceux qu’on enregistre dans les pays d’Europe qui reçoivent une immigration de même type et de même ampleur. [access capability= »lire_inedits »] En France, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, qui ne s’arrête pas aux nombres de plaintes déposées mais s’appuie sur les enquêtes de victimisation, avance des chiffres reconnus par Manuel Valls ou Laurent Mucchielli, tous deux hommes de gauche : 264 viols et tentatives de viols et 383 agressions sexuelles hors ménage, toutes les vingt-quatre heures. Ces enquêtes n’établissent pas de lien entre les crimes et l’origine des criminels, mais l’explosion du nombre de crimes sexuels depuis le début de l’immigration massive, et la nature et la culture des populations carcérales nous en donnent une petite idée, même approximative.
La question du lien entre immigration et troubles sexuels à l’ordre public qui choque les esprits en Europe n’a jamais été prise suffisamment au sérieux par les instances de l’Union européenne et nous ne disposons pas d’études ou d’enquêtes menées à l’échelle du continent mais nous pouvons, en observant les situations nationales, constater que, plus les sociétés sont ouvertes à l’immigration, multiculturelles et peu répressives, moins les femmes y sont en sécurité. La Suède, terre de faible natalité et de forte immigration, a vu le nombre d’agressions sexuelles augmenter de 1 472 % en quarante ans, les viols en extérieur de 300 % entre 1975 et 2007, les viols en réunion de 377 % entre 1995 et 2006, et occupe aujourd’hui la deuxième place mondiale des pays au taux de viol le plus élevé, derrière le Lesotho, selon une enquête de 2010. En Norvège, le taux de viols est six fois plus élevé qu’à New York et 85 % des violeurs sont étrangers ou d’origine étrangère.
Pour faire face à cette réalité que même les plus angéliques ne peuvent plus mettre sur le compte de fantasmes racistes et à défaut d’élaborer un plan d’ensemble, on commence localement à prendre des mesures.
Des manuels de savoir-vivre en Occident
En Suède, les psychologues et les sociologues qui recommandaient aux femmes d’adapter leurs comportements aux nouveautés du multiculturalisme ne sont plus en vogue, mais on trouve des « ceintures de chasteté » modernes que seules les porteuses sont en mesure d’enlever et on y distribue des kits d’urgence dits « kits viols ». En fait, une boîte contenant un test anti-VIH, un traitement contraceptif, un appareil photo pour matérialiser les preuves et la liste des adresses des médecins. La mesure est en voie d’expérimentation en France dans deux départements pilotes depuis avril 2014.
En Norvège, les autorités distribuent aux migrants un manuel pour leur apprendre à distinguer « le bien et le mal », ou encore « comment fonctionnent les femmes norvégiennes », on y trouve des phrases telles que : « Forcer quelqu’un à avoir un rapport sexuel n’est pas autorisé en Norvège. » À Stavanger, ville portuaire qui attire de nombreux étrangers, depuis une nette augmentation du nombre de viols entre 2009 et 2011, on donne des cours aux volontaires car « les gens de certaines régions du monde n’ont jamais vu une fille en minijupe, seulement en burqa », selon le chef de la police qui encourage cette initiative.
Au Danemark, qui a accueilli le plus de migrants par habitant en 2015 (avant de quasiment fermer ses frontières cette année), des parlementaires souhaitent que des cours d’éthique sexuelle soient donnés en même temps que les cours obligatoires de danois pour enseigner aux immigrés les comportements sexuels locaux. Les députés du parti du peuple danois proposent plutôt des mesures dissuasives. Une loi en débat devrait permettre aux policiers de fouiller les migrants et de récupérer toute somme ou tout bijou d’une valeur supérieure à 1 300 euros pour financer leur séjour – ou plutôt pour les inciter à séjourner ailleurs.
En Autriche, on distribue des brochures où il est notifié que la violence, y compris au sein de la famille, est interdite. Une illustration d’un homme en train de frapper une femme est ainsi barrée d’une croix rouge. La ministre de l’Intérieur, Johanna Mikl-Leitner, explique que « c’est une question d’équité, d’informer ces gens le plus tôt possible sur ce qui les attend dans notre pays afin d’éliminer les malentendus ».
En Allemagne, on expérimente des cours de comportements pour les adolescents étrangers à Passau en Bavière. À Bornheim, la piscine a été interdite aux demandeurs d’asile après que des femmes se sont plaintes de comportements déplacés. Le maire d’une petite commune située près de Francfort a envoyé un courrier aux migrants hébergés. Parmi ces conseils, l’un concerne les femmes : « Les jeunes filles sont incommodées lorsqu’on leur demande leur numéro de téléphone, et ne veulent se marier avec personne. »
La méthode corse
Après la sidération, je sens monter une colère froide en Europe. Il vaudrait mieux que tous ces manuels de savoir-vivre en Occident soient pris très au sérieux ou que les gouvernements trouvent autre chose. La France, relativement épargnée par le flux des migrants qui préfèrent déferler ailleurs pour cause de chômage réel et d’islamophobie supposée, a aussi des problèmes. Si la nuit de la Saint-Sylvestre n’a pas connu d’autres incidents que les habituelles voitures brûlées (800 cette année), la nuit de Noël reste dans les mémoires. À Ajaccio, on se souvient des pompiers tombés dans un traquenard et agressés par une vingtaine de jeunes d’origine immigrée. Sur le continent, où ces attaques sont devenues routinières, on a choisi, notamment à Strasbourg mais aussi dans la région de Nice, entre autres solutions plus judiciaires, la voie pédagogique et « la formation des sapeurs-pompiers aux techniques propres d’intervention dans les quartiers sensibles ». On voit bien ce que peut être la formation d’un soigneur qui entre dans la cage aux fauves, mais on se demande de quoi est faite celle d’un soldat du feu en banlieue. Peu importe puisque lentement mais sûrement, la mesure finit par porter ses fruits. En 2005 dans le département des Alpes Maritimes, 46 actes « d’incivilité » avaient été recensés, en 2009, on n’en comptait plus que 33, et 26 en 2010.
Après la sidération , je sens monter une colère froide en europe
Les Corses, ou plutôt des Corses impatients, nous ont habitués à d’autres méthodes, expéditives, préventives et punitives. Ils ont démontré par exemple que pour lutter contre le bétonnage du littoral et ces projets immobiliers qui, aujourd’hui, enlaidissent la Côte d’azur, l’initiative et le plastic étaient plus dissuasifs et plus efficaces que les enquêtes d’opinions et les pouvoirs publics. Forts de cette expérience et de leur caractère, certains sont allés le lendemain de Noël faire savoir (aux cris de « Arabi fora, les Arabes dehors ») à la racaille insulaire, par la menace du bâton et l’incendie de Coran, qu’ils ne laisseraient pas l’île de Beauté devenir Marseille, obligeant les incendiaires violents et froussards à vivre un peu terrés, sous protection policière.
Il faut le déplorer, mais sans ce débordement populaire, les vandales stigmatisés et criminels seraient retournés impunis à leurs affaires. Les « biens connus des services de police » se souviendront du lendemain de Noël 2015 à Ajaccio, sinon leurs frères sauront le leur rappeler, et on peut parier qu’ils se feront oublier quelque temps. Des Jardins de l’Empereur à la cathédrale de Cologne, si l’État ne fait pas régner la justice, la méthode corse pourrait faire des émules et des dégâts. La justice pourrait ne plus suffire à faire régner l’État, si la colère bout et déborde et si la rue décide de faire la loi. Ce serait regrettable, surtout pour certains, compte tenu du rapport de forces entre la majorité montante des gens excédés, et la racaille nuisible.
La nuit des fauves
La nuit de la Saint-Sylvestre, l’Allemagne a subi une vague d’agressions sans précédent, notamment à Cologne où un millier d’hommes décrits par la police et par les témoignages comme étant de type « maghrébin » ou « arabe », ont profité des rassemblements populaires pour se livrer sur des femmes à des vols, des attouchements et des viols. Le procédé qui consiste à encercler les victimes par des mouvements de foule était apparu place al Tahrir en Égypte, puis observé deux années de suite lors d’un festival de musique à Stockholm. Il porte un nom en arabe, le taharrush gamea, ou « harcèlement collectif ». Le lendemain des incidents, le chef de la police déclarait que la nuit s’était déroulée dans le calme mais depuis, 766 plaintes ont été déposées à Cologne, dont 600 pour agressions sexuelles. Ivan Jurcevic, qui ce soir-là était « videur » à l’entrée de l’hôtel Excelsior en face de la cathédrale, raconte que des femmes venaient le supplier de les laisser entrer dans l’hôtel car elles étaient pourchassées par des hommes qui voulaient les violer. « Certains crachaient sur les clients de l’hôtel, les frappaient. Ils ont attrapé des gens, les ont tabassés et piétinés. Les policiers étaient en nombre insuffisant pour mettre fin à ces horreurs. Des groupes d’immigrés tiraient avec des fusées en direction des gens, des policiers, des voitures de police, de la cathédrale aussi. » Depuis, face à une opinion qui attend des mesures, les autorités tentent de réduire l’afflux de migrants, venus notamment d’Afrique du Nord – en juin, seuls 847 Algériens et 368 Marocains avaient déposé une demande d’asile ; six mois plus tard, ils étaient respectivement 2 296 et 2 896 –, d’autant qu’ils sont quasiment toujours déboutés de leur requête. La chancelière Angela Merkel, en chute dans les sondages, souhaite que le Maroc, l’Algérie et la Tunisie soient déclarés « pays sûrs » pour permettre et accélérer les mesures d’expulsions. Le gouvernement fait pression sur ces trois pays en menaçant de couper les aides au développement, pour qu’ils cessent de bloquer la réadmission de leurs ressortissants. L’Allemagne veut aussi renforcer l’arsenal législatif contre les demandeurs d’asile qui enfreignent la loi. [/access]
* Photo : SIPA.AP21845973_000004
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