Quand la littérature noire et rose s’affichait, sans honte, dans les gares
Le jour où les couvertures dénudées ont disparu des kiosques, nous avons changé d’époque et bradé une part de notre identité décorsetée. C’est à ce genre de signaux faibles qu’une civilisation s’évapore, qu’un lectorat se désagrège. Les gares perdirent en frivolité ce que les voyages gagnèrent en ennui. Les transports amoureux furent bannis des trains. La technostructure veillait à ce que notre pays se modernise et nettoie ses tourniquets de charme. Souvenez-vous, au carrefour des années 1970-1980, ils étaient remplis de livres au goût douteux et aux poses suggestives. Salaces, obscènes et dégradants, à rayer de la carte des territoires, oui, honteux dans une République avancée !
Regrettée Brigandine
Chaque mois, des nouveautés arrivaient toujours plus lascives, l’offre et la demande ne faiblissant jamais. Le public masculin était au rendez-vous, il en redemandait même, il ne semblait pas se lasser des titres détournés, cet humour périmé de garnison, et des filles qui dévoilent une partie de leur anatomie. Les hommes sont dégueulasses, par nature. Les chiffres de vente feraient
