Cocoricide

Après le coq Maurice, le coq Marcel!


Cocoricide
Photo D.R.

Néoruralité. Les mystérieuses mutilations récentes d’équidés ne doivent pas nous faire oublier un autre triste dossier…


Après la mort du célèbre coq Maurice de Saint-Pierre-d’Oléron, dont le chant indisposait une voisine, une nouvelle tragédie a frappé un gallinacé en mai dernier. Le coq Marcel, joie du poulailler de Sébastien Verney et de sa famille, habitant le village de Vinzieux en Ardèche, a été cruellement assassiné à coups de fusil et de barre de fer par le voisin de la maison. Celui-ci a en outre empoisonné les haricots et saccagé le potager. Le voisin, interrogé par la police, a avoué le « coquicide » et sera jugé dans les mois qui viennent.

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Mais les Verney ne veulent pas s’arrêter là : le « glorieux coq Marcel » ne doit pas être mort en vain. Il doit nous faire prendre conscience des assauts que subit la vie rurale face aux exigences ignares d’urbains nouvellement décentralisés. « Nous sommes en Ardèche, fier territoire rural, alors qui sera la prochaine victime : le chant des tourterelles, la moisson du blé, les tomates qui poussent, le braiment de l’âne, le son de nos clochers ou la mise en pâturage de nos vaches ? » écrivent-ils dans leur pétition enflammée qui a déjà récolté 75 000 signatures. Et les médias ont suivi : reportage de France 3 Bourgogne, articles de presse publiés en France, en Allemagne et en Espagne. Du coup, Loïc Dombreval, président LREM du groupe d’études parlementaire Condition animale, qui déclare au Figaro : « Il y a effectivement des néoruraux qui veulent imposer le mode de vie de la ville à la campagne. Cette volonté de dominer la nature est intolérable ! » Qui prendrait en effet la défense des néoruraux contre les gentils animaux de la ferme, habitants légitimes de nos terroirs en perdition ? Tous réclament ainsi le vote par le Sénat de la loi sur le « patrimoine sensoriel », destinée à protéger les « bruits et odeurs » de la campagne d’éventuelles poursuites en justice.

Le consensus ne s’embarrasse pas de nuances. Si on ne sait absolument rien du profil du tueur ni de son mobile, Sébastien Verney a tout du « campagnard » atypique : docteur en histoire spécialiste de l’Indochine et chargé de cours à l’université de Saint-Étienne. À croire qu’on est toujours le néorural de quelqu’un.

Septembre 2020 – Causeur #82

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste

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