Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, sait-il seulement qu’il a ouvert la boîte de Pandore?
On peut encore parler du Conseil d’État, de l’Arcom, de Reporters sans frontières, de Christophe Deloire, de CNews, du pluralisme et de la liberté d’expression, tous sujets qui n’ont pas été épuisés par le débat et les controverses même intenses de ces derniers jours. Je ne peux, comme tant d’autres, que me féliciter du fait que le mécanisme pervers enclenché par Christophe Deloire ait abouti, par une contagion salutaire, à une mise en cause des médias publics « dont il est incontestable qu’ils affichent un fort tropisme à gauche », comme l’affirme Olivier Babeau qui par ailleurs voit juste dans Le Figaro Magazine en soulignant que « les attaques contre CNews traduisent une panique de l’intelligentsia ».
Pourquoi CNews ?
On a bien noté, lors de la pathétique conférence de presse de Christophe Deloire pour justifier son initiative calamiteuse et tenter de se créditer de cette injonction à l’Arcom qui heureusement demeurera dans son rôle de gardienne des libertés, à quel point le responsable de Reporters Sans Frontières traitait avec désinvolture le problème de l’absence de pluralisme véritable dans les médias publics. Comme s’il n’existait pas et ne méritait même pas d’être évoqué. Cette indifférence montre que c’est moins l’exigence de pluralisme qui a mobilisé Christophe Deloire – dont il ne faut pas oublier le rôle officiel à la tête des États généraux de l’information – que l’envie de s’en prendre à CNews dont seule une approche superficielle a pu laisser penser que le pluralisme n’y était pas respecté. Le rapport de François Jost, sur ce plan, se fondant pour étiqueter les médias sur le journal Le Monde, a ajouté du ridicule à de l’approximation.
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S’il est permis d’user d’une double réflexion qui ne me semble pas contradictoire mais relève à la fois de ma conception de la liberté d’expression et de mon bonheur médiatique d’être sur CNews (critiquée seulement par ceux qui refusent d’y venir et ne la regardent pas ou par ceux jaloux d’un succès qu’ils ne peuvent pas qualifier de médiocre), je désirerais tenir les deux bouts d’une chaîne. Le droit – pour lutter contre un progressisme délétère et une vision au pire occultant un réel aux antipodes de l’idéologie à privilégier ou au mieux le présentant hémiplégique – pour une pensée intelligemment conservatrice d’avoir un ancrage, une chaîne, une hiérarchie des sujets, une mise à l’honneur de la France profonde, une consécration du socle et du terreau ayant fondé notre Histoire et, pour notre pays, le culte de l’unité contre ce qui dilue son identité chrétienne et sa civilisation. Je ne vois pas au nom de quoi seule CNews serait privée de la liberté d’affirmer ce qui, ailleurs, est intensément et idéologiquement contesté, subtilement ou par un humour prétendu tournant à la dérision ostentatoire de nos valeurs et principes.
Venez avec vos convictions, vous vous ferez une opinion
Le besoin que j’éprouve dans les débats d’avoir face à moi non pas un miroir, mais, sinon une contradiction, du moins une opinion, une conviction stimulante venant au moins titiller les certitudes paresseuses. Contrairement à ce que Christophe Deloire a l’air de croire, pour CNews le pluralisme n’est pas un handicap mais une chance. À quoi en effet pourrait bien servir, dans les débats, l’expression d’une pensée reproduite deux, trois fois à l’identique alors que je mesure aisément la richesse, pour moi, d’une confrontation avec un Olivier Dartigolles, un Philippe Guibert, hier Laurent Joffrin ou, si je le pouvais, avec Julien Dray ? J’énonce un poncif mais la droite dialoguant avec la droite n’a pas beaucoup d’intérêt même s’il y a mille manières d’afficher un accord, alors que la pensée conservatrice ou libérale se colletant avec la gauche ou l’extrême gauche – si elles n’avaient pas peur de venir dialoguer sur un plateau dont elles ne pourraient plus dénoncer faussement le sectarisme, en opposant leurs lumières aux lumières antagonistes – offrirait des joutes passionnantes. « Il est en effet piquant que la gauche réclame de CNews une ouverture et une tolérance dont elle a elle-même donné bien peu d’exemples », toujours selon Olivier Babeau. Ouverture et tolérance que CNews refuse d’autant moins qu’elle sait mieux que tout autre les bienfaits de la contradiction et le caractère monotone de l’identité des vues sur les plans intellectuel et politique.
Ah, si Christophe Deloire avait aimé le vrai pluralisme, il n’aurait pas fait honte aux Reporters sans frontières de la grande époque, celle de Robert Ménard !
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