Après que vous avez reconnu être l’auteur de l’image du « Mur des cons » qui a fait le scandale que l’on sait, vous étiez reçu hier par la direction de France 3 à un entretien préalable à une sanction disciplinaire. Que vous est-il précisément reproché ?
Soyons clair : à la différence du SNJ et de la CGT qui ont demandé ma tête, la direction de France Télévisions ne me reproche ni d’avoir filmé le fameux « Mur des Cons » du Syndicat de la magistrature, ni les conditions dans lesquelles ces images sont parvenues, indépendamment de ma volonté, au site Atlantico qui le premier les a diffusés. Il m’est reproché en revanche de n’avoir pas informé immédiatement ma direction du fait que j’étais l’auteur de ces images.
Comment s’est déroulée cette entrevue ?
Dans un climat serein et de confiance. La discussion a duré près de trois heures. Je suis reconnaissant à ma direction de m’avoir permis de m’expliquer longuement et j’ai le sentiment que mes interlocuteurs ont été attentifs à mes arguments, dans une affaire qui n’est pas simple.
Que répondez-vous aux reproches qui vous sont faits ?
Tout d’abord, je n’ai jamais manqué de loyauté vis-à-vis de France 3. Je me suis trouvé dans une situation inédite où un journaliste est la source d’une information qui suscite, à raison, un scandale politique. Si, dans un premier temps, je n’ai pas dit que j’étais l’auteur des images, c’était pour me protéger en tant que source. Ce n’est ni une argutie ni une pirouette. La protection des sources journalistiques est un principe absolu consacré par le droit. Dans une affaire récente, de hauts responsables politiques et policiers ont été mis en examen pour avoir violé le secret des sources. Je ne vois pas pourquoi un journaliste qui est à l’origine d’une information dont personne ne conteste la véracité aurait l’obligation de se dévoiler. Il faut ajouter que le climat d’hostilité croissante et la campagne menée par le SNJ et la CGT ne m’ont guère encouragé à le faire. Mais je ne regrette rien. Je suis heureux, comme journaliste et comme citoyen, d’avoir contribué à révéler les graves dérives d’un syndicat de magistrats.
Un syndicat qui demande des sanctions contre un journaliste, ce n’est pas banal.
Deux syndicats, le SNJ et la CGT, cherchent à m’abattre en invoquant une « faute professionnelle ». Il s’agit d’une cabale politique menée par des syndicats staliniens qui ne me pardonnent pas d’avoir, comme ils le clament partout, « volé » des images. Ces accusations sont diffamatoires. Leur collusion idéologique avec le Syndicat de la magistrature dont ils cautionnent les dérapages est évidente. Si vous en doutez, je vous renvoie au communiqué de la CGT du 26 avril qui affirme son soutien « à nos camarades du Syndicat de la magistrature« . Et vous trouveriez sans peine des tracts de la même eau. On est très loin du journalisme et encore plus loin de la déontologie.
Cette affaire dit-elle quelque chose de l’audiovisuel public ?
Ce n’est pas l’audiovisuel public qui est en cause. France Télévisions est une maison attachante dans laquelle je travaille depuis près de trente ans avec un certain bonheur. Il est possible d’y faire son métier dans des conditions de liberté et de respect du débat contradictoire. Mais manifestement, certains militants syndicaux rêvent d’en finir avec le pluralisme.
*Photo : lefigaro.fr
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